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Quelles pratiques agroécologiques pour demain ?

De nombreux agriculteurs ont assisté à cette conférence riche en échanges.
De nombreux agriculteurs ont assisté à cette conférence riche en échanges.

Le syndicat mixte du Nord Haute-Marne a organisé une journée sur l’agroécologie le 10 mai à Joinville, en deux temps. La matinée était consacrée à des conférences destinées aux agriculteurs à l’antenne de la Chambre d’agriculture. L’après-midi a permis au public de profiter d’animations autour de l’agriculture durable et de l’alimentation responsable (expositions scientifiques, jeux interactifs, ateliers enfants…) au centre socio-culturel.

Combiner les leviers agronomiques

Violaine Deytieux, chercheuse à l’INRAE de Dijon, a présenté trois types d’expérimentations conduites au domaine d’Epoisses (21) en systèmes grandes cultures. La première expérimentation appelée « protection intégrée contre les adventices » a été menée depuis le début des années 2000 sur 17 ha et testait 5 systèmes de cultures. « L’objectif est de maitriser la flore adventice sans avoir recours aux herbicides grâce à la combinaison de différents leviers agronomiques et de les expérimenter sur la durée » explique la chercheuse. Les résultats montrent que l’utilisation du désherbage mécanique permet de gagner 20 % d’IFT (Indicateur de fréquence de traitements phytosanitaires) et qu’un système en semis direct sous couverts végétaux reste très dépendant du glyphosate.

Viser l’autonomie

Thomas Puech, chercheur à l’INRAE de Mirecourt (88), a ensuite présenté des expérimentations menées pendant 10 ans sur deux systèmes bovins lait : un système polyculture élevage (SPCE) et un système herbager (SH). « La volonté est d’abandonner les intrants chimiques et d’être autonome en fourrages et en éléments fertilisants. Les effectifs des animaux ont donc été adaptés aux ressources fourragères disponibles » indique le chercheur. Le SPCE comporte une soixantaine de vaches laitières, 55 ha de prairies permanentes et 105 ha de terres labourables (30 % de prairies temporaires et 70 % de cultures annuelles), avec un objectif affiché de « tirer parti de la complémentarité cultures-élevage ». Le SH regroupe une quarantaine de vaches laitières sur 80 ha de prairies permanentes, et se donne comme but de « faire au mieux avec les ressources du milieu ».

Aller au bout d’un système

Une nouvelle expérimentation a été réalisée (PAPILLE) sur une ferme bovin lait depuis 2016, avec l’objectif de « favoriser un usage des sols à destination directe de l’alimentation humaine ». Autrement dit, toutes les cultures sont à destination de l’alimentation humaine, dans une exploitation en agriculture biologique. « Le but est de produire un lait au coût le plus faible, mais uniquement avec les surfaces fourragères de l’exploitation, et d’aller jusqu’au bout du système, sans regarder, à ce jour, le côté économique » explique Thomas Puech, qui précise que l’évaluation des performances économiques de ce système sera réalisé d’ici quelques années.