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Baisse des élevages allaitants, mais des opportunités

Pour Arnold Puech d’Alissac, administrateur à la FNSEA, le stockage de carbone en élevage est une opportunité.
Pour Arnold Puech d’Alissac, administrateur à la FNSEA, le stockage de carbone en élevage est une opportunité.

Lors de son assemblée générale, la FDSEA a fait un focus sur la filière viande bovine, avec un point sur la conjoncture, les perspectives du marché français et les solutions à mettre en place pour pérenniser les élevages.

« L’élevage nous tient à coeur en Haute-Marne, car nous sommes historiquement un bassin de production » expliquait Sébastien Riottot, président de la FDSEA en introduction de la deuxième partie de l’assemblée générale du syndicat, consacrée à la filière viande bovine.

La population d’éleveurs de bovins viande vieillit de plus en plus et en parallèle le taux de renouvellement était seulement de 83 % entre 2016 et 2018. En Haute-Marne, 75 % des éleveurs allaitants ont plus de 40 ans. La France a perdu 863 000 vaches allaitantes en 6 ans, soit 11 % de son cheptel. « Dans 10 ans, nous allons perdre 441 000 vaches laitières et 584 000 vaches allaitantes » alerte Caroline Monniot, agro-économiste à l’Institut de l’élevage. Selon Sébastien Riottot, les arrêts d’activité s’expliquent par des prix pas toujours rémunérateurs, mais surtout par un manque de main d’oeuvre.

Pas de baisse de la consommation

L’IPAMPA (Indice des prix d’achat des moyens de production agricole) en viande bovine a augmenté de plus de 10 % en un an. En conséquence, les systèmes spécialisés bovins viande restent avec des revenus assez bas en 2022. Les polyculteurs éleveurs ont réussi à tirer leur épingle du jeu grâce à la hausse des prix de vente des céréales. En pleine crise, les revenus en élevage bio sont à la baisse. La hausse du prix du lait encourage les éleveurs à garder leurs animaux, ce qui fait augmenter le coût de tous les gros bovins.

La consommation de viande bovine est en hausse de 1 % en France. Mais les abattages ont reculé de 3 %, avec déjà une diminution de 4 % l’année précédente, ce qui booste les prix. Ainsi notre pays a augmenté ses importations de viande bovine de 21 % en un an et a diminué ses exportations de 2 %.

Redonner de la motivation

Arnold Puech d’Alissac, administrateur à la FNSEA, a expliqué que le syndicat majoritaire s’est battu pour que la matière première agricole ne soit plus négociable à travers la loi Egalim 2. « La construction du prix en marche avant à partir du coût de revient est très importante » souligne l’éleveur de Seine-Maritime. Selon lui, la stratégie nationale bas carbone est une opportunité pour l’élevage : « nous avons réussi à faire valider les schémas qui aident les éleveurs à stocker du carbone, voire à être rémunéré pour baisser leurs émissions. Il y a maintenant un travail à faire au niveau de l’Europe qui ne prend pas en compte la baisse des émissions, mais uniquement le stockage du carbone ». Un tiers des éleveurs laitiers se sont déjà engagés dans un diagnostic CAP2ER (évaluation et leviers d’amélioration carbone), mais « des efforts restent à faire » insiste Arnold Puech d’Alissac qui rappelle que la méthanisation, en plus de participer à la souveraineté énergétique, fait partie des solutions pour réduire l’empreinte carbone des élevages.

Se projeter en élevage

Fabrice Couturier, nouveau président de la FRSEA Grand Est, est venu conclure les débats.

Selon lui l’installation de nouveaux éleveurs hors cadre familial est possible, « mais à condition de déployer les moyens nécessaires, notamment un accompagnement financier », et encourage à « oser parler de la transmission pour pouvoir mieux la préparer ». L’éleveur de Moselle souhaite que les projets vertueux soient mis en avant pour donner le goût du métier et le transmettre aux jeunes.