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Elevage et loup : cohabitation impossible !

Les cadavres des brebis égorgées ont été disposés devant la Préfecture.
Les cadavres des brebis égorgées ont été disposés devant la Préfecture.

Face aux incessantes attaques de loup dans notre département, et en particulier les 8 brebis récemment tuées dans le canton de Poissons, une cinquantaine d’éleveurs se sont réunis devant la Préfecture le 24 novembre. Cette manifestation a rassemblé tous les syndicats agricoles.

Noncourt sur le Rongeant a été le théâtre de plusieurs attaques. Dimanche 20 novembre, deux veaux ont été tués et le lendemain, 100 mètres plus loin, 8 brebis appartenant à Philippe Dumay ont été retrouvées égorgées, ainsi que deux mortellement blessées. Pour cette dernière attaque, l’Office français de la biodiversité (OFB) considère que la prédation du loup n’est pas exclue.

C’est la goutte d’eau de trop pour les éleveurs excédés qui ont exprimé leur mécontentement le 24 novembre en déposant les cadavres de brebis devant la Préfecture. Le fait est suffisamment rare pour le souligner : cette manifestation était intersyndicale, les agriculteurs de tous bords étaient réunis sous un même slogan : « Elevage et loup : cohabitation impossible ! ».

« Le loup est de trop »

Sébastien Riottot, président de la FDSEA l’affirme : « Le loup est de trop. La pérennité de la filière ovine en Haute-Marne est compromise. Il n’y aura pas d’installations tant que la production est mise en danger. Dans 5 ans une grande partie des éleveurs ovins arrêteront leur activité et les exploitations ne seront pas reprises. Il n’y a qu’une solution, il faut se débarrasser de ce loup en particulier. Il fait de plus en plus de dégâts. Si on le laisse tranquille il va se multiplier, il y aura des meutes et ce sera ingérable ». Quant aux systèmes de protection, le représentant syndical reste sceptique : « une clôture n’a jamais empêché un loup de manger un mouton ».

Philippe Dumay, l’éleveur victime de la dernière attaque n’en peut plus. Il a perdu 25 brebis depuis le début de l’année et 50 agneaux ne sont pas nés suite au stress des animaux. Cela représente un coût total de 15 000 € face à des indemnités insuffisantes. Les manifestants s’accordent sur le fait que la population de loups en France est largement sous-évaluée (lire en page 12). Ces attaques découragent les éleveurs ovins. Ils sont de plus en plus nombreux à arrêter leur activité et les nouvelles installations sont freinées. Pourtant la France est déficitaire puisqu’elle importe 55 % des agneaux qu’elle consomme.

Un message entendu

Les représentants des différents syndicats agricoles se sont entretenus avec la préfète Anne Cornet. Au cours de cette réunion une demande d’autorisation de tir létal sur le loup responsable des attaques a été réalisée. Celle-ci n’a pas été acceptée car les communes impactées du département ne sont situées pas en zonage cercle 1 (communes où la prédation est avérée), or c’est une des premières étapes à franchir pour l’obtenir.

Il a aussi été demandé d’accélérer les procédures face à l’urgence de la problématique abordée. Une proposition de tir d’effarouchement ou de mise en place de louvetiers dans les zones concernées a été faite du côté de la préfète.