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Elevages fragilisés, quelles solutions ?

De g à d : Philippe Delin, directeur de la fromagerie de Chevillon, Marc Poulot, président de la Chambre d’agriculture, Stéphane Peultier, président de l’APAL et Olivier Perrin, président de HMCE.
De g à d : Philippe Delin, directeur de la fromagerie de Chevillon, Marc Poulot, président de la Chambre d’agriculture, Stéphane Peultier, président de l’APAL et Olivier Perrin, président de HMCE.

Lors de son assemblée générale le 12 mai à la Maison de l’Agriculture, Haute-Marne Conseil Elevage (HMCE) a alerté sur la baisse du nombre d’éleveurs et les augmentations des charges. Lors d’une table ronde, l’APAL et la fromagerie de Chevillon ont expliqué leurs initiatives pour ramener de la valeur dans les fermes.

62 % des élevages laitiers du département sont adhérents aux services HMCE pour les suivis conseils ou le contrôle de performance. 24 000 vaches ont été contrôlées en 2021, principalement des Prim’Holsteins (13 000 vaches), suives par les Montbéliardes (6000), les Simmentals (2100) et les Brunes (660). La moyenne haut-marnaise s’établit à 8048 kg de lait par vache pour 40,5 de TB et 33,3 de TP. Les taux cellulaires affichent une baisse conséquente (sans lien avec la situation sanitaire, mais à cause d’un changement d’étalonnage au niveau européen), tandis que les taux butyriques sont en hausse.

Situation inquiétante

Le président de HMCE déplore « une situation complexe et particulièrement inquiétante pour l’élevage ». Détaillant la conjoncture, Olivier Perrin indique que « la filière biologique laitière est à la peine et la vente directe a perdu des parts de marché. L’inflation et la baisse du pouvoir d’achat ont eu raison des bonnes intentions des consommateurs lors de la crise covid. L’embellie actuelle des prix d’achat des bovins, particulièrement les bovins laitiers, est gommée par la hausse du coût alimentaire et de l’énergie. Elle n’inversera pas la chute constante du cheptel et les arrêts des ateliers d’élevage. En production laitière les coûts de production ne sont toujours pas suffisamment pris en compte par la filière et les hausses de prix actuels sont essentiellement liées à la valorisation beurre-poudre. Toutes ces hausses impactent la trésorerie des exploitations et aboutiront probablement à des résultats d’exploitation insuffisants ».

Porter ses valeurs au consommateur

Une table ronde a mis en avant les initiatives de certains opérateurs de la filière élevage pour ramener de la valeur dans les exploitations. Stéphane Peultier, président de L’APAL (Association de production animale de l’est) trouve des débouchés rémunérateurs via différents labels de qualité comme le Label Rouge et Blason Prestige pour la commercialisation en boucherie. L’association a aussi créé la marque « Le goût de la proximité » pour valoriser la viande locale au rayon boucherie traditionnelle des Leclerc et Match.

De même, des steaks hachés sont commercialisés en barquette sous la bannière « Les éleveurs du Grand Est » chez Leclerc, Match, Intermarché et prochainement dans d’autres enseignes. Un travail de longue haleine comme l’explique le président de l’APAL Stéphane Peultier : « il faut être structuré et avoir du volume pour négocier avec la grande distribution ».

Attrait pour le local

Pour Philippe Delin, directeur de la fromagerie de Chevillon, « Notre priorité a toujours été de valoriser le prix du lait de nos producteurs et de vendre à un prix juste pour que tout le monde vive ». Le directeur précise que le prix payé aux éleveurs l’année dernière se situait à 420 €/1000 l pour du lait conventionnel et annonce entre 440 et 480 € cette année. La volonté de l’entreprise est de faire des fromages de niche et de travailler beaucoup à l’export (40 % de son chiffre d’affaires). Les fromages double et triple crème se développent fortement (entre 10 et 20 % de croissance par an) et la demande en Chevillon est si forte qu’une nouvelle gamme va être créée (nouvelles portions, Chevillon à la truffe). La fromagerie s’est aussi lancée dans des billes apéritives et des boites chaudes. « Il faut créer un produit de qualité, de niche, ainsi on créé un plaisir aux consommateurs avec une valorisation derrière » explique Philippe Delin.