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« Enfin une année laitière correcte »

Florent Cressot alerte sur la difficulté pour les fermes laitières de trouver de la main d’oeuvre.
Florent Cressot alerte sur la difficulté pour les fermes laitières de trouver de la main d’oeuvre.

Malgré des incertitudes au vu de l’augmentation des charges, les prix du lait n’ont jamais été aussi haut. C’est l’heureux constat fait par la FDPL à l’occasion de son assemblée générale, le 30 mars à la Maison de l’Agriculture, qui avait pour thème l’énergie en élevage laitier.

Malgré une année 2022 compliquée à cause de la sécheresse, obligeant les éleveurs à puiser dans leurs stocks de fourrage, les prix du lait ont atteint des records historiques (voir tableau) : 420 €/1000 l en moyenne contre 344 € en 2021. « Enfin une année laitière correcte, on peut respirer un peu, même si toutes les fermes ne sont pas logées à la même enseigne. J’ai rarement été satisfait d’un prix du lait, vous pouvez marquer cette année d’une croix » se réjouit Florent Cressot, président de la FDPL 52, qui redoute toutefois un « effet ciseau » pour 2023. En effet, les charges ayant fortement augmenté, une baisse du prix du lait serait redoutable.Il faut rester prudent car le prix n’est pas le reflet des trésoreries et n’oublions pas le retard sur le prix accordé depuis des années.

Mobilisations réussies

L’année dernière la FDPL a organisé une journée de mobilisation dans deux supermarchés de Chaumont en février. Les éleveurs ont relevé les prix des briques de lait et ont sorti des rayons celles en-dessous du prix conforme. Une deuxième mobilisation s’est déroulée en octobre, soutenue par la FDSEA et les JA, avec un blocage du centre Leclerc à Saints Geosmes et l’usine Entremont (Sodiaal) à Peigney.

Assurer la transmission

Florent Cressot s’inquiète de la décapitalisation des élevages en France et insiste sur la problématique du renouvellement des générations. « Il n’y aura pas assez de candidats pour toutes les fermes à reprendre. Il faut assurer la transmission des exploitations pour maintenir les volumes de production, les outils de transformations de notre territoire et préserver la souveraineté alimentaire, ou devrais-je dire, la sécurité alimentaire ». Pour le président il est impensable de diminuer nos volumes de production alors que dans le même temps nous importons des produits qui ne respectent pas nos normes sanitaires ou le bien-être animal.

Pour la FDPL, la rémunération des producteurs est un élément-clé de l’attractivité du métier, alors que le revenu médian d’un agriculteur est inférieur de 40 % à celui de la population française. Alors qu’une ferme sur trois changera de main d’ici 2030, le président du syndicat de producteurs souhaite enlever les freins à la transmission par des systèmes fiscaux qui facilitent l’installation d’un jeune plutôt qu’un agrandissement. « Un jeune ne pourra pas payer une exploitation en 15 ans quand il aura fallu deux ou trois générations pour la bâtir ».

L’opportunité énergétique

Alors que la crise en Ukraine nous montre que l’approvisionnement en énergie peut devenir problématique, l’élevage dispose de plusieurs ressources pour contribuer à l’indépendance énergétique. D’autant plus que les prix de l’énergie sont en forte hausse.

Le tarif de l’électricité réglementé a augmenté de 60 % en moyenne depuis 2014 et le non-réglementé de 35 %. L’année dernière, le tarif du GNR (gazole non-routier) a bondi de 70 % par rapport à la moyenne des huit années précédentes. Concrètement, le prix du GNR a entrainé, pour une ferme produisant 750 000 l de lait, un coût de 18 300 € sur l’année, soit un surcoût de 7500 € par rapport à la moyenne des prix 2014-2021. L’électricité représente entre 8200 et 13 500 € pour cette même ferme (en fonction du système de traite), soit un surcoût de 3000 à 4800 €.