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La conjoncture laitière ne compense pas les charges

Florent Cressot, président de la FDPL 52 et Arnaud Laurent, président de l’OP livrant Savencia, tirent la sonnette d’alarme : «il faut un prix rémunérateur».
Florent Cressot, président de la FDPL 52 et Arnaud Laurent, président de l’OP livrant Savencia, tirent la sonnette d’alarme : «il faut un prix rémunérateur».

Inquiète de la conjoncture, la Fédération Départementale des Producteurs de Lait de Haute-Marne (FDPL 52) a organisé une rencontre avec les représentants de l’Etat et les élus du département au Gaec de Stron à Darmannes. Le syndicat veut que la loi Egalim 2 soit respectée et prône la tolérance zéro.

Les effets de la loi Egalim n’ont duré qu’un temps et la FDPL 52 veillera au respect de la nouvelle loi Egalim 2, censée mieux rémunérer les producteurs. C’est ce qu’a exprimé le syndicat laitier au préfet, à la DDT et aux élus présents au Gaec de Stron à Darmannes le 15 octobre. Les producteurs de lait ont expliqué pourquoi les revenus sont en baisse malgré une conjoncture favorable.

Forte hausse des charges

La production laitière est en recul de 2,4 % dans le Grand Est et de 3,2 % en Haute-Marne. En cause la réduction du cheptel laitier français qui s’accélère. Les charges augmentent fortement depuis fin 2020 et impactent la marge des éleveurs qui s’établit à 85 €/1000 l (-15 € en un an). Pour 2020 la moyenne de prix des laiteries haut-marnaises est de 336,77 €/1000 l, soit une réduction de 5,48 € en un an. Au niveau national, entre octobre 2020 et mars 2021 le revenu des producteurs a chuté de 33 €/1000 l alors que la cotation de poudre de lait a progressé de 10 €/1000 l, encouragée par la faible disponibilité laitière.

Veiller au respect de la loi

La loi Egalim a été promulguée il y a trois ans pour protéger la rémunération des éleveurs. En 2019, le prix du lait a effectivement augmenté, mais cela n’a pas duré. Le président de la FDPL constate que « dès 2020 les industriels ont trouvé le moyen de contourner la loi tout en restant légal. On attend que la loi Egalim 2 oblige une transparence entre la grande distribution et l’industriel pour être enfin rémunéré à notre juste valeur. Les industriels font des augmentations pour couvrir leurs charges, mais nous devons couvrir aussi les nôtres. Il faut prendre en compte nos coûts de production ».
La loi Egalim 2 va instaurer un comité pour régler les litiges commerciaux, la FDPL souhaite qu’il soit efficace et sanctionne en cas de non-respect des accords. Elle attend que le prix payé aux producteurs, indiqué dans les accords soit répercuté et intégré dans les conditions générales de vente entre industriels et distributeurs.

Renouveler les générations

Arnaud Laurent, vice-président de l’OP (Organisation de producteurs) livrant Savencia et Franck Boiteux, président de l’OP livrant la fromagerie Germain, ont apporté leur témoignage. Le premier a expliqué que Savencia a augmenté le prix du lait de 19 €/1000 l en 2019, pour le baisser à 15 euros l’année suivante, poussant Sunlait (l’association des OP livrant Savencia NDLR) a assigner Savencia en justice pour non-respect du contrat laitier. Le second est très inquiet quant à l’avenir de la production laitière en Haute-Marne, notamment pour le renouvellement des générations. Il constate que les jeunes ne veulent plus s’installer car le prix n’est plus assez rémunérateur, même avec du lait en AOP.