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Synthèse des coproscopies réalisées cet hiver 2021/2022 en Haute-Marne

Rencontre des membres du GIEE chez Thierry Hugueny à Darmannes le 15 mars pour travailler sur les résultats des coproscopies.
Rencontre des membres du GIEE chez Thierry Hugueny à Darmannes le 15 mars pour travailler sur les résultats des coproscopies.

Le GIEE « Vers de nouvelles solutions en santé animale » s’est lancé dans une réflexion pour trouver des traitements alternatifs en élevage bovin. 8 éleveurs laitiers ont réalisé des coproscopies sur 92 animaux.

Longtemps considérés comme un ennemi juré à abattre, le regard sur les parasites et la gestion du parasitisme a largement évolué au cours de la dernière décennie. Et pour cause, n’oublions pas que l’existence d’une population parasite n’est possible que si une population hôte existe elle aussi… Aujourd’hui, l’objectif n’est donc plus d’éradiquer totalement toute forme de parasitisme au sein des élevages, ce qui est d’ailleurs impossible, mais de jouer sur un équilibre précieux et incontournable : l’équilibre hôte/parasite.

De nombreux leviers techniques permettent justement d’adopter une gestion raisonnée et réfléchie des parasites en élevage en limitant, ainsi, l’utilisation de traitements anthelminthiques souvent coûteux et parfois inefficaces au regard de la multiplication du nombre de résistances.

Création d’un GIEE autour de la santé en élevage

Depuis la mise en place du plan Écoantibio en 2012, qui avait pour ambition de lutter contre les risques d’antibiorésistances, les éleveurs ont constaté la disparition des principaux antibiotiques qu’ils avaient pourtant l’habitude d’utiliser sur leurs animaux. Dès lors, ils se sont rapidement rendu compte qu’il faudrait gérer et considérer la santé en élevage d’une autre façon.
À la suite de ce constat, la Chambre d’Agriculture de Haute-Marne a mis en place des sessions de formations sur les médecines alternatives (aromathérapie, homéopathie, acupuncture, etc.). Les éleveurs, qui ont suivi ces formations ont souhaité aller plus loin « ensemble ».

C’est ainsi que la Chambre d’Agriculture a créé un groupe Facebook dédié à ces éleveurs intéressés dès février 2018. Finalement, en mai 2019, les éleveurs les plus motivés par les réflexions à conduire autour des médecines alternatives en élevage ont lancé l’idée de créer un GIEE dédié à ces problématiques.

Expérimentation basée sur des coproscopies

Certains éleveurs, membres du GIEE, ont recourt à des médecines alternatives (aroma, phytothérapie) sans pour autant vérifier scientifiquement la pertinence technique de ces protocoles. En l’absence de données scientifiques et concrètes, ils souhaitaient, par conséquent, se lancer dans une démarche permettant de vérifier la pertinence technique de leurs actions. C’est ainsi qu’un protocole a été réfléchi vis-à-vis du parasitisme. Afin de mesurer l’incidence des traitements alternatifs sur les animaux, le choix a été de réaliser des coproscopies.

La coproscopie consiste à analyser les bouses afin d’identifier les œufs des parasites, qui sont le reflet de la présence de parasites adultes dans le tube digestif. L’interprétation n’est pas si simple, car il n’y a pas de lien direct entre le nombre d’œufs dans les bouses et l’importance de l’infestation parasitaire. De même, l’absence d’œuf ne signifie pas forcément que le bovin n’est pas parasité.

Analyse des résultats et premières interprétations

Après recueil des résultats, il est possible de constater que :

- 52 % des génisses de première année de pâture sont parasitées, alors qu’elles ne sont plus que 25 % en seconde année de pâture ;
- En moyenne, 40 % des vaches laitières prélevées étaient parasitées, avec des extrêmes allant de min = 25 % et max = 67 %.

Des leviers pour gérer le parasitisme

En plus des outils de diagnostic conventionnels (coproscopies, densités optiques, autopsies), il est possible de caractériser le risque parasitaire sur son exploitation. Cette caractérisation est une clé de lecture qui permet de maîtriser efficacement le risque sur son exploitation. Brièvement, il est possible de citer :
- Le degré de contamination résiduel des zones de pâture ;
- La maitrise du pâturage ;
- La considération des conditions climatiques de chaque saison de pâture ;
- Le développement de l’immunité des jeunes ;
- La gestion raisonnée des traitements antiparasitaires lorsqu’ils sont nécessaires.