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Une année cruciale pour la pérennité de la production laitière

Florent Cressot alerte : « nos filières d’excellence sont peut-être en sursis alors que le marché est là ».
Florent Cressot alerte : « nos filières d’excellence sont peut-être en sursis alors que le marché est là ».

Lors de l’assemblée générale de la Fédération départementale des producteurs de lait de Haute-Marne, Benoît Rouyer, économiste au CNIEL, a analysé la conjoncture laitière et Laurence Bruneau, directrice du LIAL, a présenté la qualité du lait haut-marnais.

L’assemblée générale de la FDPL s’est déroulée le 25 mars à la Maison de l’Agriculture. Côté activités, le syndicat a initié la création d’un magasin de producteurs sur Langres et Chaumont, et a annoncé qu’un groupement d’employeurs départemental (en collaboration avec ses partenaires) devrait voir le jour en 2022. Ce service permettra d’offrir une aide pour l’embauche de main d’oeuvre, une problématique qui touche toutes les exploitations.

Le quart des exploitants de Haute-Marne sont éleveurs laitiers. Les 420 fermes produisent en moyenne 618 000 l de lait (88 000 l en 1984). En un an, 10 exploitations laitières ont cessé leur activité. La production départementale est passée de 268 millions de litres en 2020 à 259 millions en 2021, ce qui correspond à la tendance baissière au niveau national. Le prix du lait moyen (prix de base 32/38 en conventionnel) était de 344 €/1000 l pour l’année passée, soit une hausse de 13 €. Mais pour Florent Cressot, président de la FDPL 52, « Ces prix ont un an de retard, on est loin du prix de revient de 380 € ». Bien que les prix soient à la hausse en ce début d’année, ils restent insuffisants face à la forte augmentation des charges des éleveurs. L’Avenir Agricole reviendra plus en détail prochainement sur le prix des différentes laiteries.

Appliquer la loi

Pour Florent Cressot, « les fermes arrivent humainement à saturation », il en appelle aux laiteries sur « la nécessité d’avoir des producteurs sur les territoires et d’assurer un prix rémunérateur ». Abordant la loi Egalim 2, il dénonce des prix trop bas constatés en magasin : « il serait temps que les fraudeurs soient punis. Faisons appliquer cette loi qui protège la rémunération de nos producteurs et sanctionnons les enseignes. Nous allons venir voir les transformateurs, mais cette fois-ci nous ne feront pas qu’un relevé de prix. Nous marquerons le coup ! Si les distributeurs ne jouent pas le jeu de la loi Egalim la filière laitière est compromise et nous ne serons plus assez pour assurer une autonomie alimentaire ».

Prospective économique

Depuis 2021 l’offre laitière est moins dynamique dans les grands bassins exportateurs et se situe dans un contexte de forte inflation. Avec le conflit ukrainien, ces deux tendances sont encore plus marquées. « L’offre n’est pas vraiment là alors que la demande est soutenue. Les prix des produits laitiers sont fortement en hausse et devraient dépasser les records de 2013. La valeur beurre-poudre en Allemagne était de 550 €/1000 l en février, c’est un niveau qu’on n’a jamais atteint » indique Benoît Rouyer, économiste au Centre national interprofessionnel de l’économie laitière (Cniel).