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L’eau, un bien commun à préserver

Selon l’hydrologue Emma Haziza, les phénomènes climatiques extrêmes de ces dernières années se transforment en tendance.
Selon l’hydrologue Emma Haziza, les phénomènes climatiques extrêmes de ces dernières années se transforment en tendance.

La Préfecture et le Conseil départemental ont organisé les Assises de l’Eau, le 28 mars à Nogent. Cette première étape a permis d’établir un bilan de la situation de l’eau en Haute-Marne et pour l’hydrologue Emma Haziza d’évoquer les effets du changement climatique.

« L’eau est un enjeu qui s’impose brutalement à nous, notamment depuis les dernières sécheresses, c’est un énorme défi que nous devons relever tous ensemble » expliquait en introduction Anne-Marie Nédélec, présidente de l’association des maires de Haute-Marne. Pour Nicolas Lacroix, président du Conseil départemental, « la préservation de l’eau doit être une priorité si nous voulons garantir sa disponibilité pour nos usages. L’eau est à la croisée des défis environnementaux, économiques et sociaux. La bataille de l’eau est un défi majeur du XXIe siècle ».

La préfète Anne Cornet évoque « un patrimoine en grande fragilité. Il est nécessaire d’anticiper une gestion de l’eau pour les décennies à venir. Si nous ne changeons pas nos usages, 40 % du département sera au seuil de préoccupation maximale en matière de raréfaction de l’eau d’ici 2050 ».

Bassin Marne Amont sous tension

Une étude pilotée par le Conseil Régional en 2020 démontre que l’augmentation des températures et de l’évapotranspiration, entraine une hausse de la sécheresse des sols et des besoins en eau pour la végétation. La pluviométrie devrait se maintenir sur la région, mais se déportera en hiver. En conséquence, la pluie, en été, diminuera de 5 % d’ici 2050 et de 10 à 30 % d’ici 2100. Les périodes d’étiages seront de plus en plus longues l’été et de plus en plus sévères, avec des débits en recul de 10 à 20 %.

Anomalies de température

Selon l’hydrologue Emma Haziza, 2022 est symptomatique de l’évolution climatique, car c’est l’année où pour la première fois la France a subi une canicule avant l’été. Il y a eu également une vague de chaleur très tardive fin aout et début septembre. Entre le 19 décembre 2022 et le 2 janvier 2023 la température était supérieure de 5,6 °C en moyenne. Or la seule fois où ce record a été dépassé sur un même laps de temps était lors de la canicule d’août 2003. « La France est en train de se transformer tout comme le reste du monde » prévient l’hydrologue.
Emma Haziza rappelle qu’il y a toujours eu des évènements climatiques extrêmes, comme en 1303 où le Rhin était à sec, mais « ces hausses de températures nous font passer d’un état de variabilité naturelle climatique à une tendance au réchauffement, qui a démarré en 2016 ». Sur les 5 dernières années, 4 étés ont été les plus secs depuis 40 ans. La France a passé 10 mois sans pluies significatives en 2017, avec une sécheresse qui s’est terminée le 26 décembre.

Préserver les nappes phréatiques

En 2030, les besoins en eau à l’échelle planétaire dépasseront de 40 % nos ressources disponibles. « L’eau se renouvelle, mais bascule d’un réservoir à un autre, et actuellement elle en train d’être retirée d’un réservoir facilement accessible, mais non renouvelable : les nappes phréatiques » prévient Emma Haziza. « La NASA a recensé 19 lieux sur la planète où nous avons prélevé plus d’eau dans les nappes que ce qu’on est capable de remettre. Dans certaines zones des Etats-Unis il faudrait 2000 ans de pluie pour reconstituer l’intégralité des nappes qui ont été prélevées ».