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L’insécurité dans les exploitations agricoles, un phénomène qui inquiète

Une Cellule nationale de suivi des atteintes au monde agricole, dite cellule Demeter, a été créée en octobre 2019.
Une Cellule nationale de suivi des atteintes au monde agricole, dite cellule Demeter, a été créée en octobre 2019.

Depuis plusieurs années, la montée d’une insécurité visant directement les exploitations agricoles se fait sentir. De l’action ciblée d’opposants politiques à de la pure délinquance, les agriculteurs doivent faire face à cette nouvelle donne, toutes filières confondues. Éléments de compréhension à l’aide de chiffres et de témoignage.

Si les chiffres varient quelque peu d’une année sur l’autre, la réalité ne trompe pas : les intrusions dans les exploitations agricoles sont devenues monnaie courante. En 2019, 14 498 faits d’intrusions clandestines ont été recensés par la cellule Demeter (voir par ailleurs), en augmentation de 1,5 % en un an.

D’après les données publiées par les forces de l’ordre, les deux-tiers des atteintes concernent des vols. Dans le détail en 2019, 48,12 % des atteintes étaient des vols simples, 10,24 % constituaient des cambriolages ou des vols par ruse et 0,17 % des vols avec violence.

Des vols qui peuvent autant concerner des productions (fruits, céréales, animaux…) que des engrais ou encore du matériel (métaux notamment). Mais ce sont surtout les véhicules agricoles qui constituent les cibles privilégiées par les contrevenants.

Des intrusions de militants animalistes… mais pas que !

Ces dernières années, la montée de mouvements animalistes hostiles à l’élevage a créé un vrai climat de peur chez les éleveurs. Beaucoup craignent aujourd’hui de se retrouver nez à nez avec une personne qui se serait arrogé le droit de pénétrer sur leur propriété, pour mener des observations ou pour lui porter atteinte.

Les intrusions de militants se multiplient, les chiffres sont là pour le prouver. De 8 faits recensés en 2017, nous sommes passés à 16 en 2018 puis 41 en 2019 d’après les dernières données en date fournies par Demeter. Néanmoins, leur poids reste faible au regard du nombre total d’intrusions observées sur les exploitations agricoles. En 2019, les 41 intrusions de militants animalistes n’ont ainsi représenté que 0,28 % des atteintes observées.

Une prise de conscience politique

Face aux alertes répétées venues du terrain et relayées par le syndicalisme agricole, le gouvernement a été contraint de se saisir de la problématique d’insécurité dans les exploitations agricoles. En octobre 2019 a été créée par la Direction générale de la gendarmerie nationale - en partenariat avec la FNSEA et les JA - la « Cellule nationale de suivi des atteintes au monde agricole », dite cellule Demeter. Quatre missions lui ont été confiées : la prévention et l’accompagnement des professionnels de l’agriculture, le renseignement pour cartographier la menace et détecter l’émergence de nouveaux phénomènes ou groupuscules, le traitement judiciaire des atteintes commises et enfin la communication auprès des professionnels comme du grand public.