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Energie et agroalimentaire, nouvelles cartes

Philippe Mangin : « participer à cette nouvelle économie de plus en plus circulaire et de proximité ».
Philippe Mangin : « participer à cette nouvelle économie de plus en plus circulaire et de proximité ».

Après la méthanisation, la coopérative régionale a ajouté une nouvelle branche à ses activités : la transformation de viande vendue en circuit court, en surfant sur la tendance de retour au local. Sans perdre de vue les grands enjeux alimentaires, bouleversés par la guerre en Ukraine.

La coopérative a pu réunir son assemblée générale en présentiel, le 29 avril, dans le bâtiment de sa station de semences (Semlor), au siège à Bras-sur-Meuse. Une assemblée prévue initialement début décembre, mais reportée suite à la reprise de la crise sanitaire.

Devant les invités, un petit film a d’abord présenté les diverses activités, depuis les céréales et les approvisionnements, la viande bovine et ovine, la jardinerie, et plus récemment la production d’énergie via la méthanisation, et la transformation agroalimentaire, depuis le rachat, au printemps dernier, de l’entreprise de boucherie  salaisons Le Marvillois, à Montmédy (55).

Un modèle à dupliquer

« Il y a encore des questions au sujet de ce rachat, notre volonté est de participer à cette nouvelle économie de plus en plus circulaire et de proximité », a commenté le président, Philippe Mangin, saluant dans cette société « une belle pépite », et « la première pierre d’une stratégie agroalimentaire ». La société, labellisée « entreprise du patrimoine vivant », permet de s’adresser directement au consommateur final ; elle approvisionne actuellement une centaine de cantines scolaires, hôpitaux et entreprises, à partir de la production d’éleveurs adhérents. La coopérative entend « dupliquer ce modèle », avec deux projets en cours, l’un à Douzy (08), qui doit ouvrir en septembre prochain, « et en Moselle », a indiqué le directeur Arnaud De Maret.

Collecte en baisse

Auparavant, le directeur a présenté un tour d’horizon des activités de l’exercice 2020-2021, marqué par la crise sanitaire. « Nous avons dû nous réorganiser et relever le défi de la réactivité », a expiqué Arnaud De Maret, qui a pris ses fonctions juste avant le premier confinement. La collecte de céréales et oléagineux a reculé de 15 %, à 620.000 t, (809.000 t avec les filiales Houpiez et Loeb), conséquence de la sécheresse ; elle se redresse « nettement » cette année, avec une prévision à  925.000 t (+ 15 %) pour le groupe, après une moisson « compliquée », qui a nécessité de sécher « plus de 120.000 t » de grain.

Produire dans l’UE

La Russie veut devenir numéro un mondial des céréales, avec une vision « d’arme alimentaire », explique l’intervenant, également chercheur associé à l’Institut de relations internationales et stratégiques (Iris). Alors que l’UE pratique une géopolitique « positive », et a « arrêté d’accélérer sur la production ».

Dans ce contexte tendu, Sébastien Abis « doute » que la Pac « pourra entrer en vigueur en 2023 ». Le Covid et le conflit en Ukraine ont provoqué « un brutal réveil », et relancé la nécessité de produire dans l’UE. Si le chercheur ne conteste pas le Green Deal, il invite l’UE à « garder une capacité stratégique dans les secteurs déterminants », dont l’agriculture. Et à « cultiver la force européenne par l’agriculture, en quantité, en qualité, en diversité, et notre modèle social ».