
Actuel président de la Fop et du groupe Avril, Arnaud Rousseau a été élu, le 13 avril, président de la FNSEA. Cet agriculteur de Seine-et-Marne est à la tête, avec sa femme, d’une exploitation de grandes cultures de 700 hectares et quatre salariés. Il répond à nos questions.
Vous venez d’être élu président de la FNSEA. Quelle est votre première réaction ?
Arnaud Rousseau : Je tiens d’abord à remercier mes pairs de la confiance qu’ils m’accordent en me confiant la présidence pour les trois prochaines années. J’ai également une pensée pour ma famille, mon entourage et toutes celles et ceux qui m’ont accompagné depuis le début de mon engagement à la FOP et à la FDSEA77. Les adhérents peuvent compter sur moi pour dignement porter les intérêts de la FNSEA, faire entendre leur voix, et préparer l’avenir de notre agriculture dans toute sa diversité.
En votre qualité d’ancien premier vice-président de la FNSEA, vous êtes-vous préparé à cette fonction ?
A.R. : Je ne suis pas complètement nouveau au sein du syndicalisme agricole. J’y suis engagé depuis 2005, y ai exercé les fonctions de secrétaire général puis de président de la FDSEA de Seine-et-Marne, avant de devenir administrateur de la FNSEA en 2014. Il existe tout un processus de maturation, assez long, pour comprendre notamment les enjeux de production et de territoires : c’est ce qui permet de dialoguer et d’aboutir à un consensus qui engage. Plus encore lorsque l’on défend un syndicalisme à vocation économique. Cet apprentissage au sein de plusieurs instances est nécessaire pour grandir au sein d’une organisation comme la FNSEA.
Quel bilan tirez-vous de la présidence de Christiane Lambert ?
A.R. : En tant que premier vice-président, j’ai pleinement participé aux décisions et orientations qui ont été prises sous la présidence de Christiane Lambert. Elle a été une présidente volontaire combative, pugnace, à l’image de son parcours professionnel et syndical. Comme elle, dans les chantiers qui m’attendent, je combattrai sans relâche, avec l’ensemble du réseau, pour arrêter le déclassement de l’agriculture française.
Vous évoquez la notion de production. Ne craignez-vous pas que vos actions alimentent encore la vision d’une FNSEA
« productiviste » ?
A.R. : Ne nous trompons pas sur les termes. « Production » et « productivisme » sont deux concepts bien distincts. Préserver et développer nos capacités de production est essentiel pour l’agriculture française et européenne. Malgré les nombreuses alertes que la FNSEA et d’autres organisations comme le COPA ont lancées, nous sommes devenus de plus en dépendants des pays tiers. En France, la moitié des poulets que nous mangeons est importée, nous dépendons des pays européens et des pays tiers pour une grande partie de nos fruits et légumes. Notre production et notre filière sucrières sont mises à mal en raison de décisions politiques qui se sont révélées incohérentes, en créant d’importantes distorsions de concurrence. Je pense qu’il faut faire mieux comprendre à la société tous les efforts qui ont été réalisés, qui restent méconnus d’un grand nombre. Oui, il est possible de concilier production et transition agroécologique ! Ce chemin de cohérence et d’exigence existe, j’en suis convaincu. Nous le portons à la FNSEA, avec la conviction que ce n’est pas dans la décroissance que nous gagnerons notre salut économique, social et environnemental.
Quels sont vos chantiers à court, moyen et long terme ?
A.R. : A court terme, les sujets les plus préoccupants et sur lesquels je souhaite avancer rapidement sont la mise en œuvre de la nouvelle PAC, la directive « émissions industrielles » (IED), les accords commerciaux internationaux, et notamment Mercosur. C’est aussi la préservation de nos moyens de production, notamment l’accès aux phytosanitaires, le stockage de l’eau. N’oublions pas la stratégie nationale bas carbone avec ses conséquences pour la pérennité de l’activité de nos éleveurs et de l’élevage français.
A moyen terme, la FNSEA devra se pencher sur la préparation du cadre européen pour 2024, avec en ligne de mire les élections européennes en 2024. Il nous faut conserver des relais d’influence au Parlement européen pour infléchir les politiques européennes : elles sont parfois mal ficelées et surtout incomprises par nos agriculteurs. A plus long terme, il nous faut soutenir la souveraineté agricole française et européenne, et donc aborder les enjeux de souveraineté alimentaire et énergétique. Il y a urgence à accélérer notre travail sur le renouvellement des générations.
Le nouveau bureau de la FNSEA
Les 69 membres du Conseil d’administration qui s’est réuni le 13 avril au siège de la FNSEA ont élu le bureau suivant :
Président : Arnaud Rousseau (Seine-et-Marne)
1er vice-président : Jérôme Despey (Hérault)
2e vice-président : Patrick Bénézit (Cantal)
Secrétaire général : Hervé Lapie (Marne)
Secrétaire général adjoint : Romain Blanchard (Bouches-du-Rhône)
Secrétaire général adjoint : Christophe Chambon (Doubs)
Secrétaire général adjoint : Thierry Coué (Morbihan)
Trésorier : Éric Thirouin (Eure-et-Loir)
Vice-président : Catherine Faivre-Pierret (Doubs)
Vice-président : Damien Greffin (Essonne)
Vice-président : Franck Sander (Bas-Rhin)
Vice-président : Luc Smessaert (Oise)
Vice-président : Jérôme Volle (Ardèche)