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« Maintenir coûte que coûte les moyens de production »

Les membres de la Chambre d’agriculture ont exposé les difficultés rencontrées par la profession agricole qui est lourdement impactée par les hausses du prix de l’énergie, de l’alimentation animale et des intrants.
Les membres de la Chambre d’agriculture ont exposé les difficultés rencontrées par la profession agricole qui est lourdement impactée par les hausses du prix de l’énergie, de l’alimentation animale et des intrants.

Lors de la session de la Chambre d’agriculture de Haute-Marne, les élus ont fait un point sur la conjoncture agricole. Les élus ont interpellé la nouvelle préfète Anne Cornet sur les sujets d’actualités tels que la souveraineté alimentaire et énergétique, ainsi que la nouvelle Pac.

Organisée le 15 février à Colombey les Deux Eglises, la session de la Chambre d’agriculture 52 traduit « une volonté des élus de pouvoir s’exprimer sur la conjoncture » selon les mots du président Marc Poulot. Face à la nouvelle préfète Anne Cornet, il indique que « Cette session est l’occasion pour les élus d’être le parlement de l’agriculture départementale haut-marnaise ».

Jérémy Lagorce a relaté sa formation, réalisée avec 5 autres éleveurs par l’Office français de la Biodiversité (OFB), sur la thématique « Comment reconnaître les attaques du loup et du lynx ? ». Il dénonce une attitude stigmatisante de la part d’un agent auprès des 6 éleveurs en formation.

« La journée commençait très mal, mais les deux jours se sont bien déroulés et tout le monde a pu échanger. Finalement la formation aura été très enrichissante ». Il rappelle qu’il y a eu des attaques de loup sur le canton de Joinville et Chaumont-la-Ville depuis le début d’année. Une vidéo a confirmé la présence du prédateur. L’éleveur a remercié l’ancien préfet : « il a fait du très bon travail, j’espère que Mme la préfète en fera autant ».

« L’agriculture doit produire »

Marc Poulot a interpellé la préfète sur le conflit ukrainien : « Lorsqu’il s’agit d’une crise de l’ampleur actuelle avec des conséquences sur la souveraineté alimentaire et énergétique il est important que l’État ait toujours un œil attentif vers le secteur primaire qu’est l’agriculture ».

Le président de la Fdsea rappelle que l’agriculture est un facteur de stabilité et de paix. « Les deux belligérants sont des acteurs agricoles majeurs pour la planète avec des exportations importantes et donc des approvisionnements qui en dépendent. On est devant une montagne, Poutine a certainement perdu la guerre politique et peut-être la guerre sur le terrain, mais il a encore une arme massive : l’arme alimentaire » explique Sébastien Riottot. Il souligne les problèmes de production et d’exportation en Ukraine et ses conséquences : « des millions de tonnes de blé vont manquer et le premier touché sera le bassin méditerranéen où il risque d’y avoir des conflits. L’agriculture française et européenne doit produire. J’en ai assez d’entendre qu’il faut viser la décroissance, c’est un discours de riche. Il faut maintenir coûte que coûte les moyens de production ».

Moins dépendant en énergie

Thierry Lahaye ajoute a attiré l’attention sur l’accès à l’énergie : « Il y a une vraie réflexion à avoir sur plusieurs sujets, notamment les mises aux normes des méthaniseurs avec des décrets qui ne sont pas forcément cohérents. C’est un sujet qui nous tient à coeur car nous devons produire. Il y a différents moyens à mettre en place et que l’État doit nous aider à acquérir comme le dimensionnement des postes d’injection. Nous sommes dans les starting-blocks pour devenir moins dépendant en énergie ». Il cite le GNV (Gaz naturel pour véhicules) et déplore que les constructeurs automobiles aient stoppé leur production alors qu’il serait possible d’avoir des véhicules propres roulant avec du carburant local.

Mesurer les impacts

Anne Cornet a affirmé qu’elle était disponible pour « recevoir les agriculteurs et adapter les réponses de l’État aux spécificités et aux enjeux du territoire ». Elle comprend les inquiétudes de la profession et différencie « un temps de guerre » et « un temps de ré-articulation de la mondialisation ». La préfète souhaite organiser une concertation pour cerner les implications du conflit sur l’activité agricole et trouver des solutions adaptées.