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Mal-être agricole : la parole pour briser le tabou

Marraine de l’évènement, Christiane Lambert a insisté sur l’importance de dialoguer. Avec ses proches ou des professionnels.
Marraine de l’évènement, Christiane Lambert a insisté sur l’importance de dialoguer. Avec ses proches ou des professionnels.

Sensible, gênant voire inabordable pour certains, le sujet du suicide, et plus largement, du mal-être agricole, était au centre d’un débat organisé par la MSA Sud Champagne, le 13 octobre à Troyes. Christiane Lambert, marraine de l’évènement en tant que présidente du Conseil de l’Agriculture Française, invite à libérer la parole.

Qui ? Pourquoi ? Comment faire pour prévenir le geste ? La question du mal-être agricole et du suicide n’est pas nouvelle. La Mutualité Sociale Agricole (MSA) Sud Champagne a souhaité s’emparer de cette thématique à bras le corps, en organisant, en présence de tous les acteurs locaux, un atelier de réflexion autour de la thématique : « Du bien-être au mal-être agricole, quel accompagnement pour nos agriculteurs ? » Le 13 octobre, une cinquantaine d’élus, d’OPA se sont donc réunis à Troyes, pour tenter de comprendre et de libérer la parole autour d’un tabou.

« C’est un sujet complexe », admet Pascal Comery, président national de la MSA, qui organise jusqu’à la fin de l’année plusieurs rendez-vous de ce type afin de préparer son manifeste pour la ruralité. L’organisme mutualiste ne part pas d’un page blanche. « Il existe déjà de nombreux dispositifs d’alerte, et d’accompagnement au mal-être agricole », rappelait en préambule, Éric Petit, président de la MSA Sud Champagne.

Un suicide par jour

Car la thématique n’a rien de nouveau. Chaque jour, un agriculteur se suicide en France, rappelle la MSA, un taux 30 % supérieur à toutes les autres professions. Un constat qui fait froid dans le dos. La majorité des agriculteurs qui passent à l’acte ont plus de 65 ans. « Signe que la transmission est assimilée à de la souffrance », estime Christiane Lambert, présidente de la FNSEA et du Conseil de l’Agriculture Française (CAF). La marraine de ce débat insiste sur le métier à part de l’agriculture, « psychologiquement difficile, avec une charge mentale, des démarches administratives. Leur métier c’est leur vie. Quand on sait l’investissement qu’ils y mettent, il y a, à la retraite, un sentiment d’inutilité ».

Pas de profil type

Dans une société où l’agriculteur doit de plus en plus justifier ses pratiques de travail et où l’agribashing prend parfois des tournures dramatiques. Inimaginable dans d’autres secteurs d’activités.
Et pourtant, « on doit tenir compte de ces nouvelles perceptions », encourage Christiane Lambert. La présidente du CAF recommande le dialogue dans les campagnes. Mais aussi le dialogue tout court. Avec son conjoint, ses proches, ses voisins.

À ses proches, ou à des professionnels qui, comme à Agri’écoute, sont disponibles 24 h/24. Pour que le sujet ne soit plus aussi difficile à appréhender.