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Un changement de modèle qui est une opportunité pour l’agriculture

D’après Philippe Dessertine, la data et l’amélioration des pratiques agricoles sont sources d’une nouvelle richesse.
D’après Philippe Dessertine, la data et l’amélioration des pratiques agricoles sont sources d’une nouvelle richesse.

Le 7 septembre lors des journées de la Lucine organisées par Horsch à Châteauvillain, l’économiste Philippe Dessertine a évoqué le contexte inflationniste. Selon lui l’agriculture a une grosse carte à jouer pour capter de la valeur grâce aux datas et la réduction des gaz à effet de serre.

L’inflation a commencé après le premier confinement et s’est accentuée avec la guerre en Ukraine. L’économiste Philippe Dessertine estime une inflation à 7,5 % en France pour 2022. « Ce qui veut dire que si on fait le même chiffre d’affaires que l’année dernière, il a en réalité baissé de 7,5 % ». L’inflation est la perte de valeur de la monnaie, c’est-à-dire qu’un décalage s’est instauré entre la monnaie et la richesse. Aujourd’hui il y a trop de dettes par rapport à la richesse créée dans le monde. Fin 2019, la Banque Mondiale avait alerté : 250 000 Mrd$ de dettes pour 92 000 Mrd$ de PIB mondial.

Maintenir l’investissement

Fin 2019 deux leviers ont été activés pour freiner l’inflation : des taux d’intérêt très bas (voire négatifs) pour permettre d’investir et la baisse du prix de l’énergie. Mais la fin du confinement et la guerre en Ukraine ont fait augmenter les prix de l’énergie et des produits agroalimentaires, deux éléments qui développent fortement l’inflation. Pour récupérer du pouvoir d’achat, l’économiste estime qu’il ne faut pas augmenter les salaires car « tous les coûts augmenteraient et donc automatiquement tous les prix. C’est pour cela que le gouvernement opte pour les primes, pour éviter d’entrer dans une boucle inflationniste structurelle qui est très compliquée à arrêter ». Selon lui l’ensemble des filières doit s’entendre pour éviter une rupture de chaine.

De nouvelles richesses

Le dérèglement climatique prouve que notre modèle économique n’est plus adapté et doit changer rapidement. L’accélération du changement de modèle se fait dans tous les secteurs, y compris l’agriculture, mais pour Philippe Dessertine « il faut bannir la décroissance car c’est une marche arrière, on ne peut l’imposer aux pays en voie de développement. Le nouveau modèle doit être une croissance pour tout le monde, surtout les pays pauvres, pour arriver à nourrir la population humaine ».

Selon lui ce nouveau type de croissance est une opportunité extraordinaire pour l’agriculture. Puisque celle-ci émet 20 % des gaz a effet de serre, elle a une grosse marge d’amélioration. « Cette réduction d’impact créé une nouvelle richesse. Un produit agricole doit être de plus en plus couplé avec la façon de le produire. Si je démontre que mes pratiques sont vertueuses on obtient de la valeur. Les financiers du monde sont tous en train d’investir dans ce défi de demain ».

L’agriculture, un secteur essentiel

L’économiste conclut en rappelant que le grand défi de l’activité agricole est de réussir à rester pérenne en attirant des chefs d’exploitations et des salariés. « En France on ne trouve plus personne pour reprendre les exploitations agricoles, certaines risquent d’être reprises par des Hollandais. Ce serait une catastrophe économique et stratégique ».