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Agriculture de conservation : redonner vie au sol

Gaétan Bouchot ne fait pas plus de rendement avec cette méthode, mais cherche une régularité.
Gaétan Bouchot ne fait pas plus de rendement avec cette méthode, mais cherche une régularité.

Céréalier à Essey les Ponts, Gaétan Bouchot a tenu une conférence sur l’agriculture de conservation des sols à Arc en Barrois le 17 février pour expliquer les pratiques qu’il met en œuvre sur son exploitation.

L’association Arc Patrimoine et Culture a organisé une conférence sur le thème : « Les pratiques de régénération des sols sur notre territoire », animée par Gaétan Bouchot, qui pratique l’agriculture de conservation des sols (ACS) sur sa ferme de 490 ha. La méthode repose sur la couverture permanente du sol, le non travail du sol et la diversité des rotations et des cultures.

Gaétan Bouchot arrive sur la ferme familiale en 2011 en tant que salarié et commence à mettre en place des couverts d’interculture. « Passer mon temps dans un tracteur ne m’intéressait pas » explique le céréalier qui se dit « passionné par la vie du sol ». En 2013 il s’installe sur une partie de l’exploitation et allonge les rotations, puis pratique le semis direct sous couvert permanent de légumineuses l’année suivante. En 2016 il reprend la totalité de la ferme suite au départ en retraite de son père.

Ce changement de pratiques a pu être possible grâce à l’accompagnement d’Antonio Pereira, technicien à la Chambre d’agriculture, spécialiste de l’ACS. « J’ai choisi de changer de méthode pour éviter la perte de rendement, je ne récolte pas plus que mes voisins, mais je cherche une régularité » explique l’exploitant. Une régularité très précieuse dans le Barrois, zone où la productivité est limitée et les cultures particulièrement sensibles aux aléas climatiques. « Puisque je ne travaille pas mes sols, j’utilise 10 000 l de carburant en moins par rapport à mon père, alors que j’ai 100 ha de plus » poursuit Gaétan Bouchot. La couverture des sols permet de limiter l’utilisation d’herbicide. Les légumineuses, apporteuses d’azote, font réduire les doses d’engrais.

Sol vivant

« Moins on va travailler le sol moins on va détruire l’activité biologique, notamment les vers de terre qui créent une porosité verticale » poursuit Gaétan Bouchot qui rappelle l’importance de la matière organique, essentielle pour obtenir un sol vivant : « sans matière organique le sol ne peut pas fonctionner, il s’appauvrit. Quand je suis arrivé sur l’exploitation il y avait moins d’1 % de matière organique dans les sols, il n’y avait plus rien de disponible pour les plantes ». La matière organique offre une fertilité physique des sols, une stabilité structurale, une résistance à la battance, ainsi qu’une meilleure porosité du sol. « Un sol vivant est capable de stocker 10 fois plus d’eau qu’un sol travaillé donc on évite le ruissellement, qui est une catastrophe pour un agriculteur car c’est toute la fertilité de la terre qui s’en va, la terre devient improductive » souligne le céréalier.

L’exploitant pratique les associations de cultures, il sème par exemple 6 ou 7 espèces avec son colza et du fenugrec avec son tournesol. Il aime particulièrement le lotier corniculé, car « il a un système racinaire qui permet d’améliorer la structure du sol et il n’y a pas de concurrence hydrique car son système racinaire est très profond. Il est très résistant à la sécheresse, a une très bonne couverture du sol, on peut le récolter et il a une bonne résistance aux produits phytos » explique Gaétan Bouchot qui précise que l’utilisation de produits phytos, bien que réduite, reste nécessaire en ACS.