
L’association production végétale et agronomie (APVA) a tenu son assemblée générale le 16 mars à la Maison de l’Agriculture. Serge Zaka, agroclimatologue, a présenté l’évolution de la météo en Haute-Marne, les conséquences pour l’agriculture et ses moyens d’adaptation.
Après une présentation du rapport d’activité de l’APVA (358 adhérents), et les nombreuses journées techniques organisées par l’association, son président, Gaétan Bouchot, a abordé l’actualité agricole. « On nous parle de supprimer un bon nombre de produits phytos d’ici 2030. Les échanges internationaux sont plus lucratifs car importer des produits qui ne respectent pas nos cahiers des charges et les faire manger aux Français, ça ne dérange personne apparemment ». Revenant sur l’évolution climatique, le sujet de l’assemblée générale, il explique que « cela devient vraiment compliqué. Il est plus que temps de repenser nos systèmes de production ».
Hausse des précipitations et des canicules
Le changement climatique est une accentuation des extrêmes. « En 2022, on a eu tous les évènements possibles en températures qui peuvent causer des dégâts pour l’agriculture » illustre Serge Zaka, docteur en agroclimatologie. L’année dernière a été une des plus sèches depuis 1900 (14,5 C° en moyenne et -25 % de précipitations) et a battu un record de froid début avril. D’après le chercheur, 2022 est une année représentative de notre météo en 2055 avec une augmentation des sécheresses et des précipitations. A partir de 2070, il va pleuvoir 40 mm de plus en hiver et 30 mm de moins en été en Haute-Marne. En 2100, la pluviométrie sur une année augmentera de 50 à 100 mm par rapport à aujourd’hui. Les pluies seront plus intenses car sur de plus courtes durées.
Impacts agricoles
L’échaudage du blé sera multiplié par deux d’ici la fin du siècle et le déficit hydrique va s’accentuer. D’ici 2050, les rendements en blé vont augmenter de 5 % dans le nord de la France, mais baisseront de 10 à 15 % dans le sud et sur les sols séchants de l’Hexagone. Les rendements de maïs oscilleront de -5 à +5 % dans le nord et de -20 à -30 % dans le sud et les sols séchants. La récolte du colza devrait augmenter dans le nord et se stabiliser dans le sud. La pousse des prairies sera plus précoce, avec une hausse de 30 % de la production printanière et une baisse de 30 % en été, ainsi que des difficultés de reprise automnale. « Il y aura toujours du fourrage dans la région, mais la saisonnalité change. Ce qui est perdu en été est retransféré au printemps donc il faudra gérer les stocks pour éviter les problématiques estivales » analyse le chercheur.
Mesures d’adaptations
Serge Zaka insiste : « une solution unique ne répondra au changement climatique, il en faudra une multitude ». Parmi elles, l’amélioration génétique qui permettra une meilleure résistance à la sécheresse et aux canicules. Le progrès dans ce domaine a été très important : le rendement d’un maïs en 2022 est supérieur à celui d’un maïs irrigué dans les années 50.
La remontée des climats est une opportunité pour de nouvelles espèces (millet, sorgho, vigne, abricot, pêche), mais à condition de bien anticiper la mise en place de ces nouvelles filières. Les travaux agricoles vont évoluer : dates de semis plus précoces, techniques de conservation des sols, gamme de précocité. L’agriculture connectée sera primordiale pour la gestion des ressources et les aides à la décision.