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Quelle ruralité pour demain ?

Les élus ont abordé les atouts et les faiblesses du département.
Les élus ont abordé les atouts et les faiblesses du département.

A travers son Pacte pour les ruralités, le Conseil Régional Grand Est souhaite faciliter la vie et les démarches des habitants et des décideurs des territoires ruraux tout en valorisant leurs innovations par des aides mieux ciblées et un accompagnement adapté aux besoins et spécificités de chacun. C’est dans ce contexte que s’inscrivent les rencontres régionales « Ruralité en Grand Est ».

« Nous sommes venus entendre vos besoins et vos propositions pour que nous puissions établir une politique en faveur des ruralités » explique Philippe Borde, président de la Commission montagne, ruralité, patrimoine local et paysager. Si le conseiller régional note un sentiment de délaissement des services publics dans certains secteurs, il remarque que la crise covid a fait naître une envie de retour à la nature et de travailler en milieu rural.

Pour Denise Buhl, vice-présidente du Conseil régional, « Toutes les ruralités sont différentes, les projets doivent émaner des territoires », d’où la volonté de la Région de travailler en transversalité avec tous les acteurs du Grand Est. « Dans les ruralités nous avons besoin de services de santé, de mobilité, d’agriculture. Chaque territoire a un projet et chaque projet a un territoire » ajoute-t-elle en soulignant la nécessaire complémentarité entre pôle urbain et pôle rural, ainsi que le rôle crucial du tissu associatif.

Des situations différentes

Patrick Voirin, maire de Froncles, déplore une baisse démographique (-11 % d’habitants en 6 ans pour Froncles) associée à un vieillissement de la population avec une perte d’emplois et de services dans les villages.
« Il faut conforter l’attractivité de nos territoires, renforcer les services de proximité, anticiper le départ en retraites de nos commerçants, de nos professionnels de santé, de nos producteurs locaux, sécuriser l’approvisionnement alimentaire et réduire la dépendance de déplacement » soutient l’élu. Selon lui les territoires ruraux doivent prendre conscience de leurs atouts, croire en leurs potentiels et s’outiller en ingénierie.

« Les situations sont très différentes d’un territoire à l’autre » indique Stéphane Martinelli, président de l’Agglomération de Chaumont, qui met en avant la nécessité pour un territoire d’être structuré. « Les trois services indispensables en milieu rural sont l’éducation, la santé et le numérique. Sans cela, personne ne s’installera. Quand on parle de ruralité, il faut la comprendre dans son écosystème global. Il faut avoir une coopération territoriale et aller au-delà pour établir des ponts structurants ».

L’opportunité de la ruralité

Pour Laurent Gouverneur, vice-président du Conseil départemental, « les territoires ruraux ont aujourd’hui l’opportunité immense de redevenir le coeur battant de notre pays, car ils répondent aux attentes des Français ».
Il cite les nombreux atouts du département : une nature omniprésente (la Haute-Marne est l’un des départements les plus verts de France), une agriculture moderne en pleine mutation (avec un rôle à jouer dans la reconquête de souveraineté) et un tissu industriel dynamique. « Dans notre département nous avons chaque jour la preuve que la ruralité a de l’avenir » souligne le conseiller départemental.
Mais plusieurs défis doivent être relevés, comme la désertification médicale. Depuis 2010 la Haute-Marne a perdu 30 % de médecins généralistes et 24 % de spécialistes. « Au-delà de la question de l’offre de soins pour les habitants, c’est l’attractivité même de notre territoire qui est en jeu » déclare Laurent Gouverneur. Abordant la question de la mobilité, l’élu parle d’« infrastructures de transport insuffisantes, avec un abandon de notre territoire de la part de la SNCF qui a tout simplement supprimé le TGV ».
Enfin, Laurent Gouverneur note que si la démarche Zéro artificialisation nette (ZAN) a un objectif louable, la question de la vitalité des territoires ruraux est en jeu : « On ne peut pas mettre sur le même plan les territoires fortement urbanisés et nos campagnes. Les maires ruraux ont déjà fait beaucoup d’efforts pour limiter la consommation de foncier sur leur territoire qui est bien souvent sous-doté en infrastructures ».

Au coeur des transitions

Au niveau national les territoires ruraux représentent 88 % des communes et un tiers de la population avec 21 millions d’habitants. « Nous sommes dans un moment important pour les ruralités, car notre pays fait face à un certain nombre de transitions » explique Simone Saillant, directrice du programme Ruralités à l’Agence nationale de la cohésion des territoires (ANCT). Citant la transition énergétique, la souveraineté alimentaire et le réchauffement climatique, elle estime que les territoires ruraux sont « riches de ressources sur ces sujets » et qu’ils doivent « tirer parti de ces opportunités et ne pas les subir ».
Autre enjeu soulevé par la directrice de l’ANCT : développer les coopérations inter-territoriales. « Le contexte s’y prête, car des métropoles vont avoir des besoins et les territoires ruraux regorgent de ressources. C’est l’occasion de se parler d’égal à égal et construire des contrats gagnant-gagnant ».

La coopération doit également se faire avec les acteurs du monde rural. « Le tissu associatif est la grande richesse des territoires ruraux, tout ce réseau d’acteurs est favorable pour trouver des solutions adaptées aux territoires » conclut Simone Saillant qui incite les maires ruraux à s’appuyer sur le plan France Ruralité lancé par le gouvernement.

Cette première étape des rencontres régionales a été l’occasion de former des groupes de travail autour de quatre thèmes. Nous reviendrons sur la restitution des ateliers dans notre édition de la semaine prochaine.