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Eau : « Regarder à 360 ° les problématiques des territoires »

Fabien Potier, de l’Agence de l’Eau Rhin-Meuse : « Les prairies sont une assurance-vie pour l’avenir ».
Fabien Potier, de l’Agence de l’Eau Rhin-Meuse : « Les prairies sont une assurance-vie pour l’avenir ».

A l’occasion d’Agrimax, la Chambre régionale d’agriculture du Grand Est organisait une conférence sur l’eau. Elle y faisait le point sur les défis à relever, sur fond de plan eau national, dont l’objectif annoncé est une réduction des prélèvements de 10 % d’ici à 2030.

« Aujourd’hui, les périodes de manque d’eau alternent avec les périodes d’excès d’eau, a introduit Laurent Rouyer, président de la commission agroenvironnement productions végétales à la Crage, lors d’une conférence sur la thématique de l’eau au salon Agrimax. Alors, même si la pluviométrie annuelle reste stable, force est de constater que la régularité n’est plus là ».
A ce manque de régularité s’ajoute une augmentation de l’évapotranspiration. Résultat, les situations de stress hydrique augmentent, et il y a également moins d’eau disponible pour les milieux aquatiques.
« Il manque 3,2 milliards de mètres cube d’eau par an », au niveau du bassin de l’Agence de l’eau Rhin-Meuse, a annoncé Fabien Potier, chef de projet au sein de l’agence. Depuis une vingtaine d’années, on observe « une baisse du débit des rivières, surtout en période de basses eau. Les débits d’étiage ont diminué de 10 à 15 % et ce chiffre peut atteindre 40 % dans le massif vosgien », a-t-il poursuivi.

Réfléchir collectivement

« Outre les usages en agriculture, des questions se posent sur l’accès à l’eau potable », a rappelé Laurent Rouyer. En effet, l’eau est une ressource vitale, sur laquelle reposent de nombreuses activités. Ainsi, « il nous faudra réfléchir collectivement à comment on gère l’eau, on la stocke, on la déstocke. Et pour cela tous les acteurs devraient sortir d’une vision en silo et regarder à 360 ° les problématiques des territoires en lien avec l’eau », a-t-il ajouté.
Au niveau national, le gouvernement a lancé un plan eau. « Il comporte 53 mesures, réparties dans quatre grand axes : sobriété, optimisation de la disponibilité des ressources, préservation de la qualité et amélioration de la réponse à la sécheresse », a expliqué Fabrice Guichon, chef du service régional d’économie agricole et agroalimentaire à la Draaf.

Un des grands objectifs de ce plan est de réduire les prélèvements en eau de 10 % d’ici à 2030. Et si les modalités de répartition des réductions attendues pour chaque secteur d’activité ne sont pas encore actées, une chose est sûre pour Fabrice Guichon et Fabien Potier : tout le monde devra fournir des efforts.
La Chambre d’agriculture du Grand Est propose de travailler sur plusieurs axes : l’efficacité à l’utilisation, que ce soit pour l’abreuvement des animaux ou pour l’irrigation des cultures. Ensuite, l’emploi de ressources alternatives, « pour optimiser l’eau qui tombe, que ce soit par de petits stockages ou la récupération des eaux de toitures » a indiqué Laurent Rouyer. Ils envisagent également de retravailler à la parcelle, sur de l’agroforesterie ou l’introduction de nouvelles cultures.

« Toutefois, pour cela il faut beaucoup de recul, sachant que ces dernières années le sec n’arrive jamais au même moment. Nous n’avons pas encore assez de références », a-t-il ajouté. Tout cela en plus du souhait d’intégrer une réflexion commune à tous les secteurs d’activités présents sur un territoire et dépendants de l’usage de l’eau, comme expliqué précédemment.

La qualité pose question

Outre la quantité d’eau utilisable, la qualité de cette eau a également fait l’objet de discussions au cours de la conférence. Fabien Potier a rappelé l’intérêt des prairies pour la prévention des pollutions diffuses, en assurant que leur maintien restait une priorité pour l’agence de l’eau. « Les prairies sont une assurance-vie pour l’avenir », a-t-il affirmé. Un plan herbe et un plan sécheresse devraient d’ailleurs être mis en place.
Toujours côté qualité de l’eau, Bertrand Dufresnoy, chef de projet à l’Institut de l’élevage a rappelé que les besoins en eau des élevages herbivores sont en très grande partie liés à l’abreuvement des animaux. « Ce besoin est très largement incompressible et requière une eau de bonne qualité », a-t-il ajouté. Il a alerté sur les risques de contaminations des eaux de toitures, par des fientes par exemple.

« Des travaux sont en cours pour développer des chaines de traitements de l’eau, notamment en amont du stockage. Toutefois, ce n’est pas simple à mettre en place, et c’est coûteux. Il faudrait développer une filière globale », a-t-il conclu.