Des représentants des communes forestières du Cameroun ont passé quelques jours en Haute-Marne. Une visite pour échanger sur la protection de l’environnement et les ressources naturelles et discuter des coopérations possibles en matière de gestion durable des forêts.
Les élus des communes forestières du Cameroun et de France ont des relations depuis 20 ans. Pendant trois jours, le COFOR 52 (communes forestières de Haute-Marne) a accueilli Richard Zengle Ntouh, président des communes forestières du Cameroun et maire de Mindourou (36 000 ha de forêt communale), ainsi que Auberlin Mbelessa d’Abdou, maire de Batouri (30 000 ha de forêt communale).
« Nous avons des intérêts communs car la forêt capte le carbone, c’est l’affaire de tous » explique Jean-Pierre Michel, président du COFOR 52. « Même si les essences, la superficie* et les animaux sont différents, nous avons les mêmes soucis comme l’impact du changement climatique. Nous sommes contre l’importation de bois sans gestion durable. On souhaite que les pays africains profitent de notre expérience sur l’entretien de la forêt et la commercialisation des bois. Le but est d’apporter de la valeur ajoutée sur le territoire en travaillant le bois localement ».
Des échanges pour apprendre
« C’est une coopération décentralisée. Nous venons voir comment nos collègues de France gèrent leurs forêt, l’organisation des communes forestières et leurs spécificités. Nous apprenons beaucoup, c’est après nos échanges que nous avons introduit le reboisement chez nous » indique Richard Zengle Ntouh qui admire le fonctionnement de l’ONF et sa capacité à certifier la qualité des travaux forestiers. L’idée est d’adapter ce type de modèle au Cameroun pour avoir une organisation plus sécurisante.
Parmi des difficultés rencontrées, Richard Zengle Ntouh parle de « la pression des animaux qui gênent les activités de reboisement ou encore la coupe illégale de bois. L’avancée du désert est un aussi un problème sérieux, des communes plantent des arbres pour freiner ce phénomène ». Auberlin Mbelessa d’Abdou évoque les exploitations minières dans les forêts qui détruisent le couvert végétal ou encore l’exploitation anarchique du bois par des personnes non autorisées. « Il y a le défi de la gestion nationale de ces ressources. Il faut une coopération technique beaucoup plus avancée avec ceux qui oeuvrent au quotidien pour la gestion de la forêt. Notre pays est dans le bassin du Congo, c’est un poumon important pour la survie de l’humanité, qui doit faire l’objet d’une gestion beaucoup plus rationnelle ». Les Camerounais subissent les effets du changement climatique : incendies, allongement de la saison des pluies qui entraine des inondations, impact sur la faune aquatique, déplacement des hippopotames…
Visite dans une école
Pour leur premier séjour en Haute-Marne, les Camerounais ont visité une scierie, la forêt domaniale de Colombey les Deux Eglises, ainsi que l’école de Provenchères sur Marne. Celle-ci fait partie des 5 établissements haut-marnais adhérant au dispositif « Dans 1000 communes la forêt fait école » qui permet à des enfants de primaire de gérer une parcelle forestière. « Il s’agit de montrer à quoi sert une foret, comment on l’entretien, pourquoi on coupe des arbres... » explique Jean-Pierre Michel.
Auberlin Mbelessa d’Abdou salue cette démarche : « Il est important d’impliquer des enfants pour qu’ils prennent conscience du phénomène du dérèglement climatique et deviennent acteurs de la préservation car notre survie en dépend ».
* La superficie moyenne des forêts communales est de 220 ha en Haute-Marne contre 20 000 ha au Cameroun.
