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La préfète visite encore une ferme pour échanger sur l’installation

La production laitière a été développée afin que Tanguy Didier puisse s’installer en tant qu’associé avec son père.
La production laitière a été développée afin que Tanguy Didier puisse s’installer en tant qu’associé avec son père.

La préfète Régine Pam a visité l’EARL Didier à Lécourt le 16 février. Sur cette exploitation en polyculture élevage, Bruno Didier a développé la production laitière pour installer son fils Tanguy.

En se rendant sur la ferme de la famille Didier, la préfète Régine Pam, accompagnée de la DDT, a échangé avec l’exploitant Bruno Didier et son fils, en présence des représentants de la FDSEA, JA, FDPL et Chambre d’agriculture.

Bruno Didier s’est installé sur la ferme familiale en 1998, « c’était l’époque de la mise aux normes des bâtiments d’élevage » explique-t-il. L’exploitation en polyculture élevage de 280 ha comprend 74 vaches laitières et un atelier de Charolaises. « Mon fils Tanguy manifestait l’envie de s’installer, il fallait donc développer la production laitière pour pouvoir dégager un revenu suffisant pour qu’il s’installe sereinement. J’ai repris le contrat laitier d’un voisin, puis le bâtiment d’élevage a été agrandi et deux robots de traite ont été installés » poursuit l’exploitant.

Complexité administrative

Salarié depuis 2020 sur l’exploitation, Tanguy deviendra associé avec son père dans un mois. « On va reprendre une ferme à dominante laitière de 120 ha » explique le jeune éleveur. De 550 000 l, la production laitière passera à 950 000 l, mais encore faut-il pouvoir assurer l’autonomie fourragère.  « Dans notre assolement on a pas assez de surfaces de maïs pour satisfaire l’agrandissement du cheptel. Nous avons fait un dossier de retournement de prairie l’année dernière pour 40 ha. On nous a demandé de le déposer pour le 31 décembre et qu’on aurait un retour fin février. Mais la semaine dernière on reçoit un courrier qui demande de faire la démarche en ligne. Il faut ressaisir tout le dossier » déplore Tanguy Didier. Une complexité administrative que dénonce également Bruno Didier : « on a l’impression qu’on change les règles en cours de route ». Xavier Logerot, directeur de la DDT, déclare que le dossier est « en zone orange », que « la superficie de la demande est importante » et que le projet risque « d’être soumis à une étude d’impact ».

Bruno Didier estime qu’il « faut faire confiance au monde agricole » et ajoute que « sans le renouvellement des générations, c’est l’ensemble des filières qui vont être mises à mal ». Pour lui, il faut « tout mettre en oeuvre pour arrêter la décapitalisation de l’élevage ». Steve Lahaye, président des JA, abonde : « sans transmission il n’y aura pas d’installation, c’est ce sujet qu’il faut prendre à coeur ». Il précise que « L’aide à l’installation est une aide à la trésorerie, mais on voit de plus en plus de dossiers où la DJA va directement dans la reprise ».

Thierry Lahaye, secrétaire général de la FDSEA, plaide pour la mise en place d’un guichet unique pour simplifier les démarches : « L’administration pourrait revoir son organisation pour qu’un jeune qui monte une entreprise puisse avoir un seul dossier ». Régine Pam lui répond qu’un travail est mené sur ce sujet au niveau régional. Elle constate que le « code de l’environnement est excessivement complexe » et souhaite également de la simplification administrative.

« Nous accompagner intelligemment »

La préfète est ensuite revenue sur les différentes annonces du gouvernement suite aux manifestations agricoles. « On a avancé sur des sujets, il y a les enjeux de productivité, d’attractivité du métier et de particularité des territoires » explique Régine Pam qui a pris plusieurs mesures (lire encadré). « On demande à l’État de nous accompagner intelligemment » poursuit Thierry Lahaye. « Le volet économique doit être pris en compte car un hectare de terre c’est un hectare économique. Il faut inciter et pas contraindre. Si demain on met des contraintes, il faut rémunérer ». L’élu à la Chambre d’agriculture prend en exemple les 4 % de jachères imposés par l’Europe et sa politique du Green Deal qui réduiront la production européenne de 15 % : « on ne veut pas de mesures qui nous emmènent vers la décroissance. Cela va déséquilibrer nos économies, mais aussi l’économie mondiale ». Sébastien Riottot, président de la FDSEA, alerte : « on est prêts à repartir manifester, le malaise est profond, nous devons avoir mieux que ce qui a été annoncé ».

La Préfète annonce des mesures agricoles

Suite aux nombreux échanges avec le monde agricole, lors de ses déplacements en ferme et à la mobilisation sur les autoroutes à Beauchemin, la préfète a pris plusieurs engagements. Des groupes de travail ont été lancés et permettront de préciser les chantiers ouverts, puis des comités de suivi des mesures de simplification permettront de partager les avancées concernant notamment :

- les dérogations actées par la préfète dans le cadre du pouvoir réglementaire : épandage des effluents des élevages, Culture Intermédiaire Piège à Nitrates, etc,

- le renforcement de l’accompagnement des jeunes engagés dans le parcours d’installation : versement de l’avance de trésorerie, fiscalité, réduction des normes, simplification des processus de dérogations à l’interdiction de retournement de prairies,

- la protection contre le loup : ajustement du zonage pour la protection contre la prédation du loup, aide à l’installation en élevage ovin, aide à l’investissement des clôtures, processus de tir de défense dans les respect du plan « loup »,

- l’accompagnement dans le cadre de la loi sur l’eau pour la création de réserves d’eau pour l’irrigation des cultures,

- le poids des tâches administratives : nécessité d’une base de données partagée entre administrations afin de limiter les pièces à fournir pour les déclarations et demandes d’aides, suppression des procédures sans plus-value après consultation sur la validité juridique,

- la mise en place d’un guichet unique associant tous les acteurs pour éviter les redondances dans les dépôts de dossiers,

- l’attractivité et soutien à l’emploi agricole notamment par l’accompagnement du lycée de Chaumont,

- Egalim : le renforcement des contrôles DGCCRF,

- l’amélioration de la communication avec l’OFB.