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L’agriculture en transition : s’adapter et répondre aux enjeux

Christian Huyghe : « l’agriculture doit trouver son rôle à jouer pour demain afin de construire un futur désirable et encourager les nouvelles générations à s’installer ».
Christian Huyghe : « l’agriculture doit trouver son rôle à jouer pour demain afin de construire un futur désirable et encourager les nouvelles générations à s’installer ».

Le 7 septembre lors des journées de la Lucine à Châteauvillain le biologiste Marc-André Selosse a donné les bons gestes a adopter pour préserver la vie microbienne de son sol. Puis le chercheur Christian Huyghe a exposé les trois enjeux de l’agriculture : la fonction nourricière, la transition alimentaire et la question climatique.

La vie microbienne est profondément liée à la plante. C’est ce qu’a démontré Marc-André Selosse, biologiste spécialiste des sols. L’association entre plantes et champignons, appelée mycorhization, permet à la plante d’aller puiser azote, phosphate, potassium et autres oligo-éléments. En plus de ce rôle nutritionnel, la mycorhization a un rôle de protection puisqu’elle augmente l’efficacité du système immunitaire de la plante.

L’impact du labour

Le labour est néfaste pour les champignons. Même si cette pratique développe le nombre de bactéries grâce à l’aération produite, elle va détruire la masse organique du sol. Avec le labour le réseau de filaments reliant les champignons aux plantes ne peut pas se construire.

Limiter les engrais minéraux et le glyphosate

Un apport conséquent en engrais minéraux est aussi une pratique à éviter. Le mieux est d’étaler les apports et d’utiliser au maximum de la matière organique. Ainsi on obtiendra une fertilité s’appuyant sur le fonctionnement des champignons mycorhiziens. En plus de la fertilité, l’utilisation de matière organique peut résoudre des problèmes de stockage d’eau, de stabilité texturale des sols et permet de stocker du carbone.

L’utilisation du glyphosate n’est pas, à long terme, une option pour les sols car le produit est toxique pour les vers de terre et les spores des champignons mycoriziens. Néanmoins si on arrête le labour et que l’on utilise du glyphosate au moment de planter sa culture, la vie du sol s’améliore sur deux paramètres : le nombre de cellules microbiennes et leur activité.

Répondre à trois défis

Pour Christian Huyghe, directeur scientifique à l’INRAE, l'agriculture doit faire face à trois grands défis.

Tout d’abord nourrir la population mondiale alors que celle-ci augmente.
Un enjeu majeur puisque certains pays manquent de produits agricoles et que la hausse de l’urbanisation empiète toujours plus sur les terres agricoles. « On peut y répondre soit par de la gestion logistique, soit par de nouvelles organisations. Ce n’est pas seulement une question de sécurité d’approvisionnement mais aussi de sécurité sanitaire ».