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Le Fort Fermier, un projet atypique

Les anciennes salles des officiers servent de poulailler.
Les anciennes salles des officiers servent de poulailler.

Le fort de Montlandon connaît une nouvelle vie. Deux couples se sont lancés dans l’élevage de volailles et la production légumière bio. Les produits peuvent être achetés sur place ou dégustés dans leur ferme-auberge. Des visites du fort et des concerts sont également organisés. A l’avenir le Fort fermier devrait accueillir des logements insolites.

C’est un grand défi que se sont lancés deux jeunes couples : racheter le Fort de Montlandon, à Haute-Amance, à l’abandon depuis plusieurs années. Appelé également fort Mortier, en hommage au militaire Edouard Mortier, le fort a été construit entre 1883 et 1885 sur un terrain de 8 ha. Suite à la guerre de 1870, l’État français bâtit plusieurs forts militaires pour défendre le front Est. Le fort de Montlandon est l’un des 8 forts destinés à protéger la ville de Langres et pouvait accueillir jusqu’à 350 soldats et une dizaine d’officiers, mais il ne servira pour aucune bataille. Dans les années 1950, l’État vend le fort à des particuliers. Les propriétaires et les activités se succèdent : affinage d’emmental, carrosserie, élevage de brebis…

Sauvegarder un patrimoine

La période de covid et les confinements donnent l’envie à Maïlys, Lucie, Thibaut et Valentin de changer de parcours professionnel et s’installer à la campagne. Maïlys, qui est originaire de Montigny le Roi, leur fait découvrir la Haute-Marne. Les trentenaires tombent sous le charme du fort de Montlandon et l’achètent en juin 2021. « On ne pouvait pas laisser ce bâtiment aussi exceptionnel à l’abandon. Il est important pour nous de sauvegarder ce patrimoine », explique Lucie Boileau. « Quand on est arrivés ici, on a été très soutenus dans notre projet, cela nous a motivés et nous voulons apporter un plus au territoire. Je suis née en Bretagne, j’ai grandi en Indre-et-Loire, mais maintenant je me sens haut-marnaise, j’ai envie de vieillir ici ».

Les anciens propriétaires étaient des producteurs de fromage de chèvre et ont aménagé une ferme-auberge. Les couples d’amis transforment la fromagerie en abattoir pour leurs volailles (200 poulets de chair et 80 poules pondeuses) et rénovent la salle de restaurant. 800 m² sont dédiés à la production de légumes bio sur sols vivants, avec une partie sous serre. Il n’y pas de travail du sol, ce dernier est couvert avec de la paille ou des bâches en hiver pour éviter la pousse d’herbe. Des haies ont été implantées autour du fort, en partenariat avec la Fédération des Chasseurs. Une dizaine d’arbres fruitiers sont plantés et d’autres suivront à l’avenir. Des céréales sont également produites pour nourrir les volailles. Les pièces du fort sont de très bonnes caves de conservation pour leurs légumes, vins et jus de fruits.

De la cuisine traditionnelle

Les produits peuvent être dégustés à la ferme-auberge du Fort Fermier (sur réservation). Pour une vingtaine d’euros il est possible de manger entrée, plat et dessert composés de produits frais bio. « C’est un appel aux gens pour dire vous pouvez manger sain, local et bon à un tarif raisonnable. On propose une cuisine simple, des choses que tout le monde peut faire à la maison. Je fais avec ce que la nature nous propose, en fonction des saisons » explique Lucie Boileau, qui a passé son CAP cuisine au lycée Eugène Decomble à Chaumont avant de tenir la ferme-auberge. Les autres produits comme la farine et le pain proviennent de producteurs locaux.

Le Fort Fermier organise plusieurs activités au cours de l’année : visites du fort, concerts, karaokés. « C’est un lieu où on peut tout faire » résume Lucie Boileau. En juillet dernier, une grosse tempête a détruit près de 80 % des légumes de plein champ et une partie de la serre, mais les producteurs n’ont pas baissé les bras. « Ça a été très douloureux sur le coup, mais il y a eu bien pire à Arc en Barrois quelques semaines après. Les maraichers ont tout perdu », relativise Lucie Boileau.
Actuellement, les propriétaires rénovent trois pièces pour en faire des appartements. Deux pour se loger ainsi qu’un hébergement insolite pour de la location. Ils ont pour projet d’en faire d’autres dans les neuf pièces des officiers, qui servent actuellement de poulailler.