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Le monde agricole veut se faire entendre !

Environ 120 agriculteurs ont dénoncé un « empilement des contraintes ».
Environ 120 agriculteurs ont dénoncé un « empilement des contraintes ».

La FDSEA, la FDPL et les JA ont lancé un appel à la mobilisation le 30 novembre devant la Préfecture. Les agriculteurs ont répondu présent pour dénoncer les contradictions réglementaires qui mettent à mal la production et demandent de la visibilité pour l’agriculture française.

Depuis deux semaines de nombreux panneaux d’entrée de communes haut-marnaises sont retournés. Répondant à un appel à la mobilisation nationale lancée par leur réseau, FDSEA, JA et FDPL ont souhaité exprimé leur mécontentement de façon originale. La mobilisation du jeudi 30 novembre était le point d’orgue de ce mouvement avec environ 120 agriculteurs rassemblés devant la Préfecture. Une pancarte affichait clairement le message : « La mort est dans le pré ». Les syndicats, qui se sont entretenus avec la Préfète en milieu de journée, avait déjà alerté la représentante de l’État une semaine auparavant lors de la session de la Chambre d’agriculture. Trop de dégâts de gibiers, des accords de libre échange avec des pays ayant des normes inférieures à celles imposées aux producteurs Français, accumulation des règlementations, imposition des 4 % de jachères au détriment de la production… les agriculteurs n’en peuvent plus et le font savoir.

Pas de changement sans solution

« On a besoin de cette mobilisation pour dire qu’on existe, qu’on est prêt à se retrousser les manches et à se faire entendre » lance Sébastien Riottot, président de la FDSEA. « Les tracasseries administratives deviennent des freins au développement, à l’investissement et à l’installation. Nous avons besoin de visibilité à long terme. Mais cette visibilité on la perd avec ces normes qui viennent s’empiler les unes aux autres. On en est à un point où on a peur de sortir avec un outil d’élagage ou de broyage car on risque de ne pas être dans les clous ». Il prend en exemple les périodes d’épandage qui ne prennent pas en compte la météo parfois défavorable pour travailler au champ. « On doit s’adapter au climat, mais ce bon sens on l’a perdu » déplore l’élu syndical. Il dénonce également les surtranspositions franco-françaises, qui s’ajoutent à la réglementation européenne et s’il se réjouit du renouvellement du glyphosate, il regrette que la France se soit abstenue lors du vote. « L’État ne nous a pas soutenus » indique Sébastien Ritottot qui rappelle que « le message est toujours le même, pas de contraintes supplémentaires, et surtout pas de changement sans solution ».

« La France et l’Europe n’ont pas compris que nous sommes une vraie force économique et une source de solutions. Les agriculteurs veulent continuer d’investir dans les territoires et de faire de la valeur ajoutée. Mais les trop nombreuses contraintes font qu’aujourd’hui on se sent de plus en plus sous pression, on nous met des normes qui sont au-delà du raisonnable » lance Thierry Lahaye, secrétaire général de la FDSEA. « C’est un ras-le-bol général, nous devons nous faire entendre. L’État doit prendre conscience que notre rôle est de produire, dans ses directives la production n’est jamais mentionnée ». Revenant sur les 4 % de jachères imposées par la PAC, Thierry Lahaye explique qu’« en 1992 il y avait des jachères parce qu’il y avait un problème économique à résoudre », mais pour lui la réglementation environnementale ne doit pas se faire « au détriment de notre outil de travail ». Pendant ce temps d’autres pays du monde continuent de produire alors que la France, qui était le troisième producteur mondial de blé, n’est plus qu’à la cinquième place.

Avec près de 400 panneaux retournés dans le département, Steve Lahaye, président des JA, souligne « une belle mobilisation, toujours dans le respect. Nous voulons que les gens retiennent nos revendications et pas nos dégradations ». Il souhaite un réel engagement de l’État à travers des aides à la transmission, « nécessaires pour installer des jeunes et assurer le renouvellement des générations ».

L’ombre du loup

Deux cadavres d’agnelles ont été symboliquement déposés devant la Préfecture. Le résultat d’une attaque proférée la veille dans une parcelle à la sortie de Thonnance les Moulins. La pâture, située à proximité d’une habitation, était pourtant équipée d’une clôture grillagée surmontée d’un fil barbelé, ainsi que d’une seconde clôture électrifiée, à 60 cm de la première. « Qu’est ce qu’on peut faire de plus ? Les gens sont démunis, travailler dans de telles conditions devient impossible » soutient Roger Bay, du GAEC de l’Hazelle, l’élevage victime de l’attaque. La ferme a eu également deux bêtes tuées en mai dans une autre parcelle.

Depuis le début d’année, l’OFB a reconnu 19 attaques de loup en Haute-Marne, soit 48 bêtes tuées. « Nous sommes le département ayant eu le plus d’attaques sur le Grand Est cette année, c’est un triste record. Tous les feux sont au vert pour que l’on demande un tir de prélèvement » constate Samuel Guénin, en charge du dossier « loup » à la FDSEA. L’éleveur rappelle qu’il ne souhaite pas l’éradication du prédateur. « Nous voulons un plan de gestion du loup sur le long terme car le jour où il y aura des meutes ce sera l’éradication de l’élevage ovin dans le département ».

« Des pays en Europe commencent à vouloir changer le statut du loup. Cela veut quand même bien dire qu’il y a un problème. En France les régions qui sont impactées par le loup depuis 20 ans n’ont toujours pas régler le problème » explique un éleveur qui regrette de dépenser de l’argent dans du matériel de protection qui n’a « aucune finalité ».