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Les engrais azotés sous pression

Selon Nicolas Broutin le prix du gaz, et donc des engrais azotés, restera élevé.
Selon Nicolas Broutin le prix du gaz, et donc des engrais azotés, restera élevé.

Plusieurs conférences ont eu lieu lors des journées de la Lucine organisées par Horsch à Châteauvillain. Le 6 septembre, Nicolas Broutin, président de Yara France, a abordé la situation du marché mondial et européen de l’engrais azoté et évoque des difficultés d’approvisionnement.

La société norvégienne Yara est le leader mondial de la fabrication et de la commercialisation des engrais minéraux. A l’occasion des Journées de la Lucine, Nicolas Broutin, président de la filiale française, a fait un point sur le marché qui est chahuté par l’augmentation du prix du gaz.

110 millions de tonnes d’engrais minéraux ont été produits en 2020, dont 8 % en Europe. La France consomme 2 millions de tonnes par an, mais sa production étant trop faible, elle doit en importer 70 %. L’ammoniac, matière première des produits azotés, résulte d’une combinaison d’azote et d’hydrogène provenant du gaz naturel.

Tensions en Europe

Le marché est secoué depuis la pandémie de covid qui a limité la production d’engrais, entraînant un déficit de 5 % de l’offre mondiale en 2020. La production européenne s’est ralentie face à une première augmentation du prix du gaz fin 2021, puis une seconde en mars 2022 avec le conflit en Ukraine.

« Nous arrivons maintenant dans la troisième crise du gaz qui s’annonce longue. Les prix des engrais azotés sont fortement à la hausse d’une part car ce marché international est sous tension depuis plusieurs mois et d’autre part parce que des éléments d’ordres géopolitiques comme la situation gazière en Europe créent une tension très forte ». Le marché est sous pression car plus de 50 % de la production européenne d’engrais minéraux est à l’arrêt actuellement.

Changement de modèle

Alors que 65 % de ses usines européennes sont à l’arrêt, la priorité de Yara est la continuité opérationnelle. L’entreprise a l’avantage d’être présente partout dans le monde, elle peut donc s’approvisionner dans des régions du globe où la production est moins chère.
« On a joué sur notre flexibilité logistique, 80 % de nos usines sont situées en bordure maritime, donc on est capable d’importer de l’ammoniac. Mais les défis sont toujours devant nous, nous devons nous passer du gaz mais il faut du temps. Les engrais azotés permettent de nourrir plus de la moitié de la population mondiale. Faire une transition brutale serait une erreur monumentale, il faut l’accompagner sur le long terme ».
Selon lui, il faut additionner différentes solutions pour arriver à un changement de modèle. Et en premier lieu augmenter l’efficacité des produits. « La plante doit utiliser les quantités maximales de ce qu’on lui apporte, il faut utiliser la bonne forme d’engrais et une forme pilotable ». Yara travaille sur la façon de stimuler les plantes, en particulier les matières organiques.