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Une étude sociologique sur l’agriculture haut-marnaise face au covid

Anne Leroy est en relation avec une bonne vingtaine d’exploitations de Haute-Marne pour réaliser son étude qui associe photographies et recherches sociologiques.
Anne Leroy est en relation avec une bonne vingtaine d’exploitations de Haute-Marne pour réaliser son étude qui associe photographies et recherches sociologiques.

Anne Leroy a animé une conférence sur l’agriculture en Haute-Marne à la Maison de l’agriculture le 9 décembre. Elle a présenté ses travaux photographiques en cours et les résultats de ses recherches en sociologie réalisés pendant la pandémie de Covid, sur les effets du confinement sur les filières et l’activité des exploitants.

Anne Leroy est photographe et sociologue. Dans le cadre de ses études, elle réalise depuis 2019 des travaux sur l’agriculture en Haute-Marne et la transmission des exploitations, en partenariat avec La Maison Laurentine. Ses recherches, réalisées sur une bonne vingtaine d’exploitations, sont toujours en cours. Avec l’arrivée de la pandémie de Covid, l’étudiante observe que le confinement bouleverse les habitudes de consommation et donc le fonctionnement des marchés alimentaires. De plus certains travailleurs indépendants sont brutalement exposés au risque de faillite. Partant de ces constats, Anne Leroy change son fusil d’épaule : « j’ai préféré laisser de côté la question de la transmission des exploitations, pensant qu’il était plus utile de suivre les effets de la pandémie et du confinement sur les activités des agriculteurs et leurs filières ».

Coopération

L’imposition brutale du confinement affecte le fonctionnement des marchés alimentaires. Les perturbations atteignent rapidement les producteurs et les transformateurs fromagers en Haute-Marne. Sur certains sites la production ralentie, voire s’arrête alors qu’elle augmente pour d’autres. Avec la fermeture des lieux de restauration, la vente de fromage AOP s’effondre. Les capacités de stockage des caves d’affinage des fromagers étant limitées, elles sont rapidement saturées. Pour faire face à ces difficultés, l’un d’eux décide de vendre à des agriculteurs-méthaniseurs ses fromages de Langres qui ne peuvent plus être commercialisés car la date de fabrication est trop avancée.

Exposés au risque

Pendant la crise sanitaire, les agriculteurs ont continué leur activité professionnelle. Ils sont relativement épargnés par la pandémie au regard de leurs conditions de travail, bien qu’elle entraine certains réaménagements sur les fermes et dans les familles. Néanmoins en tant que travailleurs indépendants ils sont particulièrement exposés au risque de faillite. Les routines sont perturbées, le marchand de bestiaux ne passe plus, un aliment qui viendrait à manquer ou un problème technique sur le système de traite pourraient avoir des conséquences immédiates et provoquer un appauvrissement rapide et brutal des éleveurs.

Des chaînes d’interdépendances

En conclusion de ses travaux, Anne Leroy indique que « la vulnérabilité que les agriculteurs ressentent face au risque économique diminue quand leurs ressources, notamment matérielles, augmentent. Par ailleurs les relations de confiance que les agriculteurs peuvent entretenir de façon régulière et durable avec les acteurs économiques locaux, de même que les relations de dettes qui les lient aux banques, jouent un rôle crucial dans la manière dont ils perçoivent le risque économique. Enfin, la forme lointaine de domination qu’exerce une multinationale de l’agroalimentaire sur les éleveurs fait que les décisions concernant la baisse du prix du lait sont vécues de manière arbitraire et brutale. Finalement la crise sanitaire révèle avant tout l’ampleur des chaînes d’interdépendance qui relient les acteurs économiques entre eux dans la production agricole et agroalimentaire ».