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Les maires ruraux de Haute-Marne dépassent les 100 adhérents

Eric Krezel, président de l’AMR 52 et Cédric Szabo, directeur de l’AMRF.
Eric Krezel, président de l’AMR 52 et Cédric Szabo, directeur de l’AMRF.

L’association des maires ruraux de Haute-Marne a tenu son assemblée générale le 2 décembre à Bourdons sur Rognon. L’occasion d’évoquer les dossiers en cours et particulièrement le statut de l’élu.

« Après sept années d’existence, notre association est enfin reconnue » se réjouit Eric Krezel, président des Maires ruraux de Haute-Marne (AMR 52). Une réussite pour cette association qui vient de passer la barre symbolique des 100 adhérents, et dont l’objectif est de soutenir les maires ruraux pour « qu’ils se sentent moins seuls ». « Le réseau des maires ruraux de France est une chance, prenons-la pour nos projets communaux et plus largement sur les questions des services publics », ajoute le maire de Ceffonds qui rappelle que les communes rurales sont « le premier mètre d’accès aux services publics ».

L’association des maires ruraux de France (AMRF), qui compte 12 000 adhérents, soutient trois idées fortes : conforter le rôle du maire et de son équipe municipale, consolider la commune et valoriser la ruralité. Cédric Szabo, directeur de l’AMRF, alerte sur le problème d’assurabilité de certaines communes : « plus de 550 communes ont eu des contrats résiliés par les deux principaux assureurs ». Selon lui, le plan France ruralité est une « petite victoire », même s’il reste « insuffisant » et appelle les maires à solliciter les services de l’État parmi les 32 mesures annoncées. D’autre part, il considère que la loi visant à revaloriser le métier de secrétaire de mairie est « une avancée trop timide ». « Les salariés doivent être mieux rémunérés, mais encore faut-il que les dotations louées aux communes rurales évoluent ».

Santé et eau

« L’association des maires ruraux de Haute-Marne sera ce que nous en ferons. C’est le coeur de mon message aujourd’hui. Notre association participe à de nombreuses réunions, mais elle n’est pas invitée à celles qui concernent la santé. C’est vrai que ce sujet ne concerne pas du tout les communes rurales » ironise Eric Krezel. Il souligne que la plupart des communes rurales sont situées dans des déserts médicaux et que les ruraux ont quatre années d’espérance de vie en moins que les urbains. « Il faudra veiller à ce que le déploiement des professionnels de santé soit réel, et à proportion des équipements décidés arbitrairement par les pouvoirs publics » prévient le maire de Ceffonds. Pour Cédric Szabo, « la situation est dramatique dans beaucoup de départements ruraux concernant l’accès aux soins. Ce n’est pas supportable ! ».

L’AMR 52 appelle à « une reconquête sur les capacités d’actions des communes, sur les sujets de l’eau et l’assainissement ». En effet, l’État a confié cette gestion aux EPCI, acceptant toutefois un délai pour les communautés de communes jusqu’aux prochaines élections. Une décision que regrette Eric Krezel : « La Haute-Marne a la chance d’avoir un bon nombre de forages d’eau répartis sur les communes, qui en assurent directement la gestion ou via un syndicat. Pourquoi cette obligation ? Il va falloir se battre pour modifier la loi ».

Des relais dans les communes

Abordant le sujet de l’attractivité et du vieillissement, Eric Krezel encourage les maires à se saisir du dispositif Villages d’avenir (40 communes labellisées en Haute-Marne) : « Pour mener des projets dans ce cadre il faut des relais dans les communes, des élus engagés pour maintenant et les prochains mandats ». Pour William Joffrain, maire de Valleroy, ce dispositif est « une plus-value pour les projets communaux. J’ai mandaté pour de l’ingénierie car on se sent souvent seul. C’est une aide très forte pour un maire rural ».

Pour Eric Krezel, « face à la situation environnementale actuelle, les enjeux sont importants. Il faut agir. Dans nos communes rurales il y a l’espace pour monter les projets énergétiques et de biodiversité. Pour réussir, il faut que les élus soient motivés et dans des réseaux d’informations, mais aussi qu’ils aient accès à une formation sur la transition écologique et énergétique. La formation est importante pour savoir ce qu’on veut faire dans nos communes et comment on va le faire pour réellement atteindre les objectifs vitaux pour les générations futures. Nous devons nous approprier ces questions et nous devons être présents dans les circuits de décisions ».

Reconnaissance de la fonction

Lors des dernières élections municipales, au moins 20 % des maires ont déclaré ne pas vouloir se représenter. Ainsi l’AMRF a fait 35 propositions pour renforcer le statut d’élu, dont celui de la création d’un titre spécial dans le Code du travail. Des aménagements sont encore à faire concernant la double activité des maires. « Quand un élu se consacre à la collectivité, ses heures de travail concernées sont déduites de son salaire, c’est normal. Mais le problème c’est qu’on est perdants car toutes les cotisations sont basées sur le temps de présence réel ». Deuxième combat évoqué : la compensation des charges. « La compensation existe pour les communes de plus de 5000 habitants, mais pas pour les communes rurales, alors qu’elles sont 31 000 sur les 35 000 communes françaises. C’est un vrai problème » explique Eric Krezel.

Le président de l’AMR 52 souhaite une indemnité de 500 euros pour tous les maires. « Il nous faut une somme allouée en dehors de toutes questions fiscales. Mais dans les négociations actuelles, on s’oriente vers une augmentation globale de 10 % des indemnités, cela ne suffit pas ». Eric Krezel demande une meilleure reconnaissance de l’État sous la forme d’une cérémonie d’entrée officielle de la fonction de maire en Préfecture. « Cela montrerait que le maire a une fonction bien précise dans la société et qu’il doit être respecté », déclare-il.

 

Des conseils de sécurité

Le colonel Christian Jeandemange, directeur du SDIS, a rappelé le rôle d’accompagnement des sapeurs-pompiers auprès des élus : formation de secourisme, conseils sur les critères de sécurité ou pour le choix d’un défibrillateur sur la commune. Puis, le lieutenant colonel Pierre-Yves Fouquet a présenté l’application GEND’élus. « Cela permet de donner en temps réel des conseils de sécurité très pragmatiques aux maires sur tous les sujets. Cela va de la divagation d’une animal aux problèmes des dépôts sauvages d’ordures », explique le commandant commandant en second du groupement de gendarmerie. Il indique que la gendarmerie peut former les élus à la gestion des incivilités, et qu’un référent sureté peut donner des conseils de sécurité, notamment en matière de vidéoprotection.