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« On sait se mobiliser collectivement quand ça va mal »

Les élus de la Chambre d’agriculture ont rappelé que les exploitants savent se soutenir et agir ensemble dans la difficulté, comme en témoigne la forte mobilisation en Haute-Marne.
Les élus de la Chambre d’agriculture ont rappelé que les exploitants savent se soutenir et agir ensemble dans la difficulté, comme en témoigne la forte mobilisation en Haute-Marne.

Les Trophées de l’agriculture de Haute-Marne ont eu lieu pendant le blocage des autoroutes A5/31. Lors de la cérémonie des élus et des agriculteurs ont exprimé des messages de soutien aux exploitants mobilisés.

Lors de la remise des Trophées de l’agriculture le 25 janvier à Nogent (lire en page 04), les agriculteurs bloquaient au même moment les autoroutes du département (lire en page 03). Au début de la cérémonie, Marc Poulot, président de la Chambre d’agriculture, expliquait s’être « posé la question d’annuler les trophées de l’agriculture au vu des évènements. Mais il est important de maintenir cette soirée, car c’est une mise en avant de ceux qui réussissent ».

Le président revenait justement de la mobilisation. « C’était important de souligner mon soutien avec les manifestants, car les agriculteurs souffrent », poursuit Marc Poulot qui portait un brassard noir en signe de solidarité avec les deux décès qui ont eu lieu sur les manifestations en Ariège. « Cette année cela fera 24 ans que je suis installé et je n’ai jamais vu une manifestation aussi importante. Plus de 300 agriculteurs mobilisés avec 150 tracteurs en Haute-Marne, 53 000 agriculteurs et 32 000 tracteurs sur toute la France. On sait se mobiliser collectivement ».

Olivier Perrin, vice-président de la Chambre d’agriculture, ajoute : « Une des bases de l’agriculture c’est se soutenir dans la difficulté, mais aussi d’agir ensemble. On espère que les choses vont bouger rapidement ». Nicolas Lacroix, président du Conseil départemental, a également exprimé sa solidarité envers la mobilisation agricole.
« Ce n’est pas un soutien de circonstances, c’est un soutien de conviction et d’engagement. On a l’impression que certains découvrent la situation, mais quand on côtoie le monde agricole, on sait bien que les choses ne pouvaient pas continuer longtemps comme cela ». L’élu termine son discours en rappelant « qu’il n’y a pas de ruralité vivante sans agriculteurs » et qu’« on ne peut pas ignorer les agriculteurs et l’activité qu’ils génèrent sur l’économie d’un département rural comme la Haute-Marne ».

Manque de confiance et de considération

Au moment de recevoir son prix, l’exploitant Cyril Billard a dénoncé les distorsions de concurrence. « Au sein de l’Europe, certains pays comme l’Espagne n’ont pas les mêmes normes qu’en France et peuvent utiliser des produits phytosanitaires interdits chez nous. C’est une injustice, on doit arriver à trouver une unité ».
Les éleveurs du GAEC de Séville ont également pris la parole. « On travaille bien, on respecte la nature, on la connaît bien mieux que d’autres personnes, il faudrait nous faire confiance », lance Anthony Barbier. De son côté Philippe Barbier alerte sur la problématique de transmission des exploitations, « un enjeu très important pour les décennies à venir, car la population agricole est vieillissante. Réunissons tous les partenaires de l’agriculture autour d’une table, car la discussion est souvent la meilleure des solutions ».

Invité d’honneur de la soirée, Etienne Agri Youtubeurre demande de « la considération de la part des politiques pour que les agriculteurs puissent continuer à avancer. On travaille à longueur d’année pour un salaire si faible et on n’est même pas soutenus par l’Etat ». L’éleveur laitier, qui est adhérent à la FDSEA 72, a participé aux mobilisations dans la Sarthe.

Il souhaite un revenu décent pour les agriculteurs, une réelle application de la loi Egalim et dénonce les 4 % de jachères imposées par l’Europe. « Au-delà des difficultés économiques et des contraintes qu’on nous impose, je remarque que ce mouvement traduit aussi un manque de reconnaissance envers notre profession. C’est la goutte d’eau qui fait déborder le vase ».