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Une rentrée chargée pour la Chambre d’agriculture

Marc Poulot, président de la Chambre d’agriculture, et Bertrand Chevalier, directeur, ont retracé le bilan économique post-moisson.
Marc Poulot, président de la Chambre d’agriculture, et Bertrand Chevalier, directeur, ont retracé le bilan économique post-moisson.

Le 10 octobre, à l’occasion de sa conférence de presse de rentrée, la Chambre d’agriculture est revenue sur la conjoncture agricole et les futurs dispositifs d’accompagnement des éleveurs.

En abordant le bilan de la dernière campagne, Marc Poulot, président de la Chambre d’agriculture, parle de « très grosses hétérogénéités sur les rendements, encore plus que les années précédentes ». La production de blé est en effet inférieure à la moyenne 5 ans sur l’ensemble du département. Dans le Barrois la moyenne se situe en-dessous de 60 q/ha, dans une fourchette comprise entre 39 et 75 q. En viticulture les productions sont abondantes et les qualités ont été préservées. Le secteur de l’élevage a pu profiter de très bonnes récoltes de fourrages, tant en qualité qu’en quantité. « On observe une bien moindre tension sur les affouragements et les abreuvements d’été pour les éleveurs, ainsi que des quantités de paille très importantes » explique Marc Poulot.

Résultats économiques inférieurs

Les cours des céréales sont à la baisse mais restent supérieurs aux moyennes des années passées. Les prix de la viande et du lait se maintiennent, mais restent fragiles. Dans le même temps les charges ont fortement augmenté, et même si elles sont en diminution, la Chambre estime qu’elles ne retrouveront pas leur niveau initial. Ainsi les résultats 2023 sont inférieurs à ceux des deux dernières années pour les céréaliers et les éleveurs de bovins viande. « L’effet ciseaux prix/charges que l’on craignait est arrivé, notamment en grandes cultures » déplore le président. Les exploitations laitières s’en sortent mieux en arrivant à maintenir leur bon niveau de 2022. Alors que le gouvernement souhaite avancer les prochaines négociations commerciales au mois de janvier, la Chambre d’agriculture craint que celles-ci soient défavorables aux producteurs.

La filière bio est toujours en difficulté car elle fait face à une baisse régulière de la consommation, poussée par l’inflation. Cette crise se ressent en Haute-Marne et se traduit par des déconversions. 16 dossiers de fonds d’urgence bio ont été déposés, pour un montant de 443 000 €.

Accompagnement de l’élevage

Les Chambres d’agriculture de l’Aube et de la Haute-Marne travaillent depuis deux ans avec le Conseil régional pour élaborer le dispositif Ambition Eleveurs. Ce programme régional veut donner des leviers aux exploitants pour qu’ils améliorent leur compétitivité et accèdent aux transitions agroécologiques. « Il s’agit d’un accompagnement global et durable de l’élevage et de ses filières avec une vision collective et coordonnée sur le Grand Est. L’enjeu est de maintenir l’élevage, que les exploitants croient en leur avenir et faciliter la transmission et l’installation » explique Marc Poulot. « L’élevage haut-marnais a été très impacté par le plan de mise aux normes, si demain les évolutions réglementaire deviennent une contrainte trop forte, on craint que ça ne démotive plutôt que redonner de l’attractivité. Il faut ramener de la visibilité sur les exploitations, en conciliant les impératifs économiques, sociaux, environnementaux et de main d’oeuvre » complète Bertrand Chevalier, directeur de la Chambre d’agriculture. Cinq conseillers travaillent sur ce projet, dont le détail sera annoncé par le Conseil Régional à Agrimax.

Avec le projet « Oser polyculture élevage », les Chambres d’agriculture veulent décliner « Oser en Barrois » pour la polyculture élevage (62 % des exploitations haut-marnaises). Il s’agit de repérer les stratégies des exploitations les plus performantes pour ensuite proposer des scénarios adaptés pour accroitre la résilience des fermes. « Il y a une attention particulière sur la composante main d’oeuvre car cela peut amener à des arrêts de production, même pour des exploitations performantes » indique Marc Poulot. L’organisation du travail, la création de nouvelles activités et la transmission font aussi partie des thématiques.

La Chambre d’agriculture travaille sur d’autres sujets comme l’agrivoltaïsme, en recensant les zones de développement potentiel, avec la problématique du foncier et de l’acceptabilité d’un projet. Il y a également un accompagnement de la filière osier, qui doit développer la mécanisation car le manque de main d’oeuvre est important. « Cette culture à bas intrant protège les sols et est un levier de développement, une création de valeur importante avec des débouchés dans le domaine du luxe » souligne Marc Poulot.

Enfin, le président évoque le nouvel abattoir départemental, qui permettra de « soutenir les filières locales de circuits courts » et sera « un levier pour les trois PAT (Projets alimentaires territoriaux) du département ». Les travaux de l’abattoir se déroulent sans encombre, le transfert d’activité est prévu pour la fin du premier semestre 2024.

 

Au plus près des ressortissants

Les Chambres d’agriculture de l’Aube et de la Haute-Marne ont mené une opération innovante le 2 octobre en rencontrant 200 agriculteurs sur le terrain, de façon inopinée. « Nous voulions renouer avec cette proximité, inscrite dans notre projet stratégique inTERREactions. 65 collaborateurs de Haute-Marne sont allés à l’écoute des agriculteurs pour connaître leurs soucis, leur besoins et leurs projets. Il s’agit de sortir du lien traditionnel entre l’agriculteur et la Chambre, apporter des angles d’écoute et de questionnement différents car il y a de multiples enjeux » explique Marc Poulot. Les retours de cette démarche ont été très positifs.

 

Des rencontres sur la transmission

Alors que 60 % des exploitants ont plus de 50 ans, la question de la transmission en agriculture est primordiale. Le Point Info Transmission (PIT) reçoit environ 60 rendez-vous par an afin d’aider les agriculteurs dans leur réflexion et poser avec eux les enjeux. En Haute-Marne 90 % des personnes reçues sont des éleveurs. « Une bonne transmission est une transmission qui s’anticipe » résume Marc Poulot. Ainsi la Chambre d’agriculture se mobilise sur la transmission et le renouvellement des générations, véritable enjeu social et économique pour les territoires. Plusieurs rendez-vous sont organisés en novembre sur ce thème :

-Les rencontres Agricultures et Territoires « InTERREalto » invitent les collectivités, élus locaux, responsables professionnels et institutionnels à échanger sur la transmission le 7 novembre à 17h à la salle des fêtes de Corgirnon, le 8 novembre à 17h la salle des fêtes de Rupt et le 15 novembre à 17h 30 à la Maison de l’agriculture à Chaumont.

-Les rencontres Tech & Eco « InTERREsaison » invitent les agriculteurs pour des moments d’échanges et de témoignages pour bien préparer l’avenir de leur exploitation. Les rendez-vous auront lieu le 28 novembre : de 10h à 12h pour le territoire Du Barrois au Bassigny, et de 15h à 17h pour les territoires Entre Montagne et Bassigny, ainsi que le 30 novembre à 10h pour le territoire Entre Der et Hauts-Pays.

Les programmes complets seront communiqués prochainement.